Adapté du tout premier roman du mystérieux écrivain Joseph Andras, De nos frères blessés retrace l’engagement de Fernand Iveton, le seul Européen condamné à mort durant la guerre d’indépendance algérienne. Un film dans lequel amour et raison d’État semblent irréconciliables.
Hélène est follement amoureuse de Fernand, un ouvrier pied-noir idéaliste, et ce dernier l’est tout autant de la jeune femme. En 1954, elle prend la décision de quitter la France et de rejoindre son bien-aimé à Alger la blanche pour qu’ils s’y installent ensemble. Si Fernand est épris d’Hélène, il l’est également, sinon plus, de son pays. Alors, quand éclate le divorce entre la France et l’Algérie, la vie des amants prend un tournant tragique. Du haut de ses trente ans, Fernand défend des idées communistes et anticolonialistes, et va jusqu’à se rapprocher du F.L.N. dont il épouse les revendications, pour finalement intégrer tout à fait le mouvement. Désirant plus que tout se mobiliser pour la cause indépendantiste, il veut marquer les esprits par un acte de sabotage : il décide alors de déposer une bombe dans l’usine dans laquelle il travaille. Il choisit un placard dans un local désaffecté pour ne pas faire de victime, mais uniquement causer une panne d’électricité dans la ville. Ce qui compte pour lui, c’est la symbolique de ce geste. Par un concours de circonstances, la bombe n’explose pas, il n’y a aucun dégât matériel et aucun mort à déplorer. Fernand Iveton est tout de même arrêté et torturé. Et la machine judiciaire continue de s’emballer : jugé au tribunal militaire d’Alger, le jeune homme est condamné à la peine capitale pour un acte avorté n’ayant causé aucune perte humaine. Malgré le combat d’Hélène, alors considérée comme l’épouse d’un traître, Fernand Iveton sera le seul Européen à être guillotiné au cours de cette guerre. Soixante ans après la signature des accords d’Évian, De nos frères blessés rappelle à quel point cette page sanglante de l’Histoire demeure taboue, pareille à un angle mort.