Les paysages luxuriants de Mayotte, ses bidonvilles, une jeunesse démunie et livrée à elle-même, un adolescent qui voit sa vie basculer, voilà ce que nous réserve Tropique de la violence, l’adaptation cinématographique du roman éponyme de l’autrice mauricienne Nathacha Appanah.
Plus ancienne des quatre grandes îles composant l’archipel des Comores, nichée au cœur de l’océan Indien, Mayotte est aussi, depuis le 31 mars 2011, département et région d’outre-mer. Dans les faits, elle est surtout l’enfant oubliée de la République Française. C’est à Mayotte, et plus précisément à Grande Terre qu’une jeune femme comorienne accoste, après un rude périple à bord d’un kwassa. Dans ses bras, elle tient un nouveau-né qui a la particularité d’avoir un œil vert et un œil noir, que sa mère interprète comme un mauvais sort. Abandonnant son bébé, ce dernier est recueilli par Marie, une infirmière mzungu (comprenez « européenne » ou « blanche ») ne pouvant donner la vie : elle décide de l’appeler Moïse et de l’élever comme un Français de la Métropole. Mais quand vient l’âge de ses treize ans, l’adolescent finit par rejeter sa mère adoptive, l’éducation qu’elle lui a transmise, le style de vie qu’il a jusque-là mené. Marie décède subitement, emportée par une rupture d’anévrisme. En l’espace d’un instant, Moïse se retrouve seul au monde, lui qui avait jusqu’alors était épargné par la violence et la misère. Pour survivre, il s’égare dans Mamoudzou, commune mahoraise la plus peuplée, et finit par se retrouver dans un bidonville surnommé « Gaza ». Le destin fait qu’il rencontre Bruce, un jeune chef de gang charismatique et imprévisible. Car, comme celui-ci ou Moïse, nombreux sont les mineurs dits « isolés » qui errent sans repère. Ne pouvant compter sur aucun adulte pour survivre, délaissés par le système et les autorités, ils s’organisent en bandes. Ils inventent leurs propres lois, aussi brutales soient-elles, les érigeant en vérités absolues. Bien malgré lui, Moïse devient la nouvelle recrue du gang de Bruce. Il plonge alors dans un monde d’une violence inouïe, en quête de survie.