Un peu d’histoire
Voilà une expression pour le moins insolite. Autant il est des expressions dont on devine le sens assez intuitivement, autant pour d’autres, c’est peine perdue.
Si vous payez quelqu’un « en monnaie de singe », c’est que vous vous apprêtez à l’arnaquer gentiment ou disons plutôt à lui jouer un tour.
D’où vient donc cette expression ?
Avec un crâne volumineux contenant un cerveau développé, avec une dentition composée de trente-deux deux comprenant incisives, canines, molaires et prémolaires, le singe est un animal arboricole et omnivore.
Ce mammifère, le plus évolué après l’homme, est présent dans toutes les régions chaudes du globe.
Au fil du temps, les rapports entre les humains et les singes se sont modifiés, ainsi les Égyptiens en ont fait des dieux, mais aussi des aides précieux pour cueillir des fruits.
Les Romains se sont amusés de leurs grimaces, mais n’ont pas hésité à les envoyer dans l’arène affronter les fauves.
Au Moyen Âge, en Europe, le petit singe est un divertissement : il amuse la galerie, lui qui est capable de faire des cabrioles, des galipettes, de drôles de mimiques.
Il est aussi rusé, fin et têtu…C’est un artiste à part entière. C’est bien de spectacle dont il faut parler avec tous ces singes qui ont malheureusement accompagné troubadours, trouvères, ménestrels et jongleurs sur les marchés et les foires de France.
Ce sont ces fidèles compagnons montant sur les tréteaux et animant les places de villages qui sont à l’origine de la célèbre expression « payer en monnaie de singe ».
Expression qui veut dire que l’on paye autrement qu’en espèces sonnantes et trébuchantes. Soit en plaisanteries, soit même en fausse monnaie.
L’origine de cette expression nous emmène au XIIIe siècle, sous le règne du roi Louis IX. C’est le futur Saint Louis, qui a été canonisé en 1297, soit vingt-sept ans après sa mort sous les murs de Tunis. Le roi signe une ordonnance destinée à réguler la vente des petits singes dans la capitale.
Il s’agit en fait de séparer le commerçant de l’artiste. Le premier vend des petits animaux de compagnie, tandis que le second présente un tour, un numéro avec son petit compagnon, qui n’est d’ailleurs pas toujours bien traité, loin s’en faut.
Mais comment faire pour les différencier, se demande-t-on ?
La réponse est simple : l’artiste, le dresseur, doit prouver que son singe est aussi un artiste.
Qu’il fasse une cabriole ou une grimace, il lui suffit sans doute de « faire le singe » pour ne pas avoir à payer cette nouvelle taxe imposée par le roi aux animaux vendus aux particuliers.
Cette décision est appliquée à l’entrée de Paris, sur le « Petit Pont », qui existe toujours, même s’il a été rénové depuis cette lointaine époque, un pont qui relie la rue Saint-Jacques à l’île de la Cité, qui est alors le cœur de la capitale.