Sens : se déplacer en file indienne, l’un derrière l’autre
Un peu d’histoire
Pendant des siècles, le grand prédateur de nos campagnes, l’animal qui a fait peur à tant de villageoises et de villageois, c’est le loup. Il fait peur sur le terrain quand on nous parle de la bête de Gévaudan et il fait peur dans les livres quand on nous parle du grand méchant loup.
D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper quand notre belle langue nous offre tant d’expressions parlant du loup…
En voici quelques-unes : marcher à pas de loup, hurler avec les loups, avoir une faim de loup, entre chien et loup, et même marcher à la queue leu leu !
Après le XIe siècle, en ancien français, la syntaxe était très différente de celle d’aujourd’hui. À la queue leu leu était un raccourci de à la queue (du) leu (le) leu ou, en moins compact encore, c’est à la queue d’un leu qu’on trouve un autre leu. Ce leu dont il est question n’est autre que le nom du loup au Moyen Âge, puis on va lui ajouter un p final, car ce loup vient du nom latin lupus.
Longtemps il a hanté l’esprit des hommes au point de devenir un animal redoutable et redouté. Le loup, comme le renard, était en effet très présent dans l’imaginaire des gens de l’époque.
Marcher à la queue leu leu signifie bien que l’on se déplace comme les loups, en groupe, en meute, les uns derrière les autres, donc chaque loup derrière la queue du congénère qui le précédait. Certains auteurs disent même que l’on se déplace en file indienne, évoquant le mode de déplacement de certains guerriers de tribus indiennes d’Amérique.
De la louve nourrissant Remus et Romulus, au loup cachant les visages dans nos bals masqués, l’animal hante nos jours et nos nuits depuis des siècles !