L’écotaxe alsacienne s’appliquera aux poids-lourds internationaux qui emprunteront l’A35 mais aussi à tous les transporteurs locaux, autrement plus nombreux, qui assurent des livraisons sur le territoire.
85% des transporteurs taxés seront français et il s’agira d’abord des transporteurs alsaciens eux-mêmes », souligne la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) dans un communiqué. Alors forcément, les professionnels du transport sont vent debout, cette taxe (même si on imagine que les tarifs seront plus doux pour les « locaux » ou bénéficieront de contreparties) venant entamer leurs marges alors qu’il leur faut déjà composer avec la hausse des carburants ou la pénurie de main-d’oeuvre. La profession a d’ores et déjà annoncé qu’elle devra répercuter la hausse des coûts sur ses clients et donc sur les consommateurs. Il y a une autre source de mécontentement. C’est le fait que cette taxe qui fragilise les entreprises soit inopérante au regard des objectifs environnementaux qu’elle poursuit. Si les camions empruntent un autre itinéraire, l’empreinte écologique ne change pas d’un iota si ce n’est que d’autres territoires, en l’occurrence la Lorraine, en font les frais. Ensuite, taxer les transporteurs routiers est incohérent. « Le transporteur n’est en rien le donneur d’ordre, ni chargeur, ni consommateur il n’est que le maillon logistique de la chaine de consommation mais c’est pourtant sur lui que l’on veut faire porter les taxes », souligne la FNTR, comprendre que « l’argument du pollueur payeur » ne tient pas la route. Enfin, ce n’est pas en imposant des taxes que seront favorisés des investissements en faveur d’un transport plus « propre » et cela alors que « 1 170 entreprises du transport de marchandises se sont engagées dans le programme Objectif CO2, afin de réduire leur impact écologique » et que les véhicules alternatifs au diesel (l’hydrogène notamment) ne sont pas efficients. Cela dit, il est vrai, aussi, que ces (nouvelles) ressources financières permettront de financer, au-delà du nécessaire entretien des routes (que les flux de poids-lourds abiment « lourdement »), le développement d’infrastructures de mobilité et de transport plus performantes au regard des enjeux écologiques. Dès lors, bien entendu, que les taxes perçues sont bel et bien fléchées en ce sens.
Il y a 11 ans…
C’est en 2011 que l’Etat et la société Ecomouv ont signé un partenariat qui donnait le coup d’envoi de la mise en œuvre de la taxe poids lourds issue des réflexions du Grenelle de l’Environnement et adoptée à l’unanimité par le Parlement. Trois ans plus tard, sous la pression du mouvement des bonnets rouges, l’Etat fait le choix de suspendre ce mécanisme. Une décision qui a eu des conséquences environnementales, bien entendu, mais aussi financières puisque l’Etat a dû indemniser Ecomouv à hauteur d’un milliard d’euros. Facture à laquelle s’ajoutent, bien évidemment, les milliards d’euros qui n’entrent pas dans les caisses pour financer des infrastructures de transport plus performantes. Pour rappel, 157 employés (sur 200) d’Ecomouv étaient basés à Metz et avaient alors perdu leur emploi.