Cela n’aura échappé à personne, tout, ou presque, augmente depuis plusieurs mois. Et cela pèse fortement sur le pouvoir d’achat. Pourquoi les prix s’affolent ? Est-ce que l’inflation va durer ?
Pourquoi tout (ou presque) augmente ?
La crise sanitaire est l’une des raisons. Fin 2020, l’étau s’est desserré et l’économie a commencé à redémarrer. Le problème, c’est que la demande en biens et services, après des mois au ralenti, a été forte et l’offre incapable d’y satisfaire en temps réel. Pour le dire autrement, le marché était en total déséquilibre faute de stock (la production tournait au ralenti) et de matières premières suffisamment disponibles. Désorganisées, les filières « transport » n’étaient pas capables d’absorber la hausse des flux de marchandises. La crise sanitaire n’a pas non plus évolué selon un rythme « universel ». On le voit aujourd’hui en Chine, par exemple, avec Shangaï qui est encore confinée ce qui perturbe le fonctionnement de son port, le premier au monde en termes de volume de marchandises.
Quelles sont les autres raisons ?
L’envolée des prix du pétrole en est une autre même si le cours du Brent, baril de pétrole brut de référence, s’est tassé (mais il reste haut et volatile). Pour le gaz, la demande est très importante, portée par la reprise économique, notamment en Asie. L’hiver qui a été froid et long dans l’hémisphère nord a aussi impacté les réserves. Dans le même temps la production s’est réduite et des incertitudes règnent quant aux approvisionnements compte tenu de la guerre en Ukraine. La Russie qui est un gros fournisseur des pays européens exploite, bien évidemment, cette dépendance. Pour répondre aux besoins actuels mais aussi anticiper ceux de l’hiver prochain, la France comme bon nombre de pays, se tourne vers d’autres fournisseurs et filières potentiels. Mais compte tenu des incertitudes et des prix, les pays qui ont du gaz ne sont pas forcément désireux d’ouvrir grand les vannes ou sont incapables de produire davantage. La Norvège, par exemple, dispose de multiples plateformes mais qui ne peuvent fonctionner à plein régime compte tenu de travaux de maintenance, selon les explications de son gouvernement.
Quel rapport avec le prix des pâtes ?
La hausse du prix de l’énergie et la crise sanitaire n’expliquent pas tout. Pour certaines denrées alimentaires (voir page suivante), c’est aussi liée à la moindre disponibilité des matières premières agricoles. L’an dernier les récoltes de blé, par exemple, ont été moins importantes dans bon nombre de pays pour des raisons climatiques. Cela a été le cas en France ou au Canada l’un des plus importants fournisseurs de blé dur qui a dû composer avec la sécheresse (puis des inondations). Et puis là encore, la guerre menée en Ukraine par la Russie perturbe le marché du blé, ces deux pays étant les principaux producteurs et fournisseurs mondiaux de la céréale. Bien évidemment ces difficultés sur les matières premières sont aussi attisées par la spéculation (en tout cas par ses excès) des fonds d’investissement.
Cela va-t-il durer ?
En ce qui concerne les prix des produits alimentaires et ceux de l’énergie, un rapport de la Banque mondiale paru fin avril, indique qu’ils vont encore progresser, un certain temps. D’autres experts tablent néanmoins sur un essoufflement de l’inflation d’ici quelques mois. Dans quelle mesure, pour combien de temps ? Cela dépendra de l’évolution du conflit en Ukraine (dont l’impact ne se fait pas encore pleinement ressentir), des tensions politiques internationales, des conditions climatiques, de l’évolution de la crise sanitaire, de la vitesse à laquelle seront disponibles des énergies alternatives, des décisions politiques… Bref, le pouvoir d’achat devrait afficher triste mine pendant un certain temps encore.