1914. Une infirmière de la Croix-Rouge décide d’usurper l’identité d’une jeune femme qu’elle croit décédée. Sous cette nouvelle identité, elle devient la dame de compagnie d’une riche bourgeoise. Jusqu’où ira le mensonge ?
L’identité, et plus précisément son usurpation est source d’inspiration pour les artistes de ce monde. Au cinéma, ce sujet complexe a donné naissance à de grandes œuvres du 7e art telles que Monsieur Klein de Joseph Losey ou encore le personnage de Tom Ripley dans Plein Soleil de René Clément et dans Le talentueux Mr Ripley d’Anthony Minghella. C’est au tour de la réalisatrice française Aurélia Georges (L’Homme qui marche, La Fille et le Fleuve) de se pencher sur la question, avec La Place d’une autre, librement adapté de The New Magdalen (Passion et repentir dans sa traduction française), un roman de l’écrivain anglais Wilkie Collins. Célèbre de son vivant et ami proche de Charles Dickens, Collins y dépeint un portrait moderne de la figure mythique de Marie-Madeleine, associé à une vive critique sociale, au temps de la guerre de 1870. Dans La Place d’une autre, notre héroïne ne s’appelle plus Magdalen mais Nélie (Lyna Khoudri). Pour un temps néanmoins. En effet, alors qu’en 1914, elle est engagée comme infirmière auxiliaire sur le front, elle rencontre Rose Juillet, une jeune femme qui cherche à se rendre à Nancy afin de trouver le gîte et le couvert chez une ancienne amie de son père. Mais un obus explose et la tue. C’est en tout cas ce que croit Nélie. Cette dernière, fille de lavandière, est promise à un destin de misère. Pour rompre avec son existence passée et un avenir peu engageant, il lui faut saisir l’opportunité de toute une vie : prendre la place de cette jeune femme laissée pour morte. Car tout indique que la destinée de Rose sera bien plus radieuse que la sienne. Elle enfile alors les habits de celle qu’elle pense avoir vu mourir sous ses yeux. Et elle s’empare de la lettre qui devait introduire la défunte à l’amie nancéenne, chez qui elle se présente quelques temps plus tard, sous sa nouvelle identité. Auprès de Mme de Lengwil (Sabine Azéma), Nélie trouve un toit ainsi que la paix. Bien plus que sa lectrice, elle devient sa dame de compagnie, et une douce confiance s’instaure entre les deux femmes. Mais un jour, la véritable Rose réapparaît miraculeusement. Les jeux de dupe laissent alors place à la mauvaise conscience et à une véritable lutte des classes.