La préparation physique a largement évolué depuis une vingtaine d’années, au point de devenir une véritable science. Le « prépa » n’est plus le prof de gym qui impose les tours de terrain ou surveille le lever des haltères. Il est devenu incontournable dans le sport professionnel d’aujourd’hui. Un véritable spécialiste qui contribue à la performance. Rencontre avec Nicolas Jarzat, préparateur physique des Dragonnes de Metz Handball.
Présentation
Nicolas Jarzat, « Nico » pour les intimes, a 35 ans et déjà un CV long comme le bras. Titulaire d’une Maîtrise 2 de STAPS, d’un Diplôme Universitaire de préparateur physique et d’un BPJEPS (brevet professionnel jeunesse et éducation physique et sportive) de musculation, il connait une première expérience dans le handball, au Pôle espoir de Dijon et dans le club masculin de la ville. Puis il s’investit dans le football, en tant qu’éducateur des jeunes et des séniors dans un club de région parisienne. En 2016, il rejoint le Bahreïn où il accompagne la sélection nationale de handball masculin dans la préparation puis les matchs du Mondial 2017 en France. A son retour au pays à l’issue de la compétition, il reprend une équipe de foot de National en région parisienne, puis replonge dans le hand avec les équipes de France U17 et U19. Il rejoint ensuite Metz Handball et accomplit aujourd’hui sa 5e saison auprès des Dragonnes.
Entretien
Quelle est la fonction exacte d’un préparateur physique ?
Le préparateur va s’occuper de toute la partie physique de la structure, en dehors de l’activité handball. Il va gérer le développement des qualités générales et spécifiques que doit posséder l’athlète pour performer et rester en bonne santé. Il va cibler les qualités propres de l’athlète : la force, par la musculation, la puissance, l’explosivité, la vitesse, le cardio, la course, l’endurance, bref, tout ce qui permet à la sportive d’être dans les meilleures conditions le jour J à l’instant T sur le terrain. Cette préparation se manifeste également par un suivi individuel et personnalisé de l’athlète, en fonction des caractéristiques de chacune. Chaque joueuse possède des qualités et des dispositions différentes qui vont nécessiter des exercices différents. En cas de blessure également, le suivi personnalisé est incontournable.
Tu mènes donc un dialogue permanent avec le corps médical ?
Oui, bien sûr. J’applique sur le terrain les consignes reçues du médecin, dans les situations de blessure ou de retour de blessure. Au quotidien, la relation est encore plus serrée avec les kinés, qui me font des points de situation quotidiens et précis sur les éventuels petits bobos en cours. A partir de ces indications, je peaufine mes plannings collectifs et surtout individuels.
Comment s’exerce le suivi individuel de la joueuse ?
Grâce à un logiciel, my coach, renseigné quotidiennement par la joueuse, qui me permet d’avoir le ressenti de chacune sur la séance du jour, l’état de fatigue, les soucis de santé éventuels. C’est une aide précieuse que j’analyse en permanence et qui m’aide dans mon travail. Ces enseignements sont mis en pratique dans le domaine du travail physique, le coach les utilise également dans la partie handball.
Comment devient-on préparateur physique ?
Aucun diplôme n’est exigé pour être préparateur physique d’un club pro. C’est le paradoxe. En revanche, pour travailler dans une salle, il faut un brevet d’État, le BPJEPS. Pour ma part, j’ai le brevet d’État et une M2, car je considère qu’on ne peut pas aborder cette profession auprès de sportives et sportifs de haut niveau sans une solide formation préalable.
Tous les clubs de LBE font-ils appel désormais à un préparateur physique ?
J’ai l’impression qu’en 5 saisons, cela s’est considérablement développé. À mon arrivée, je suis devenu le premier préparateur à temps plein. J’ai le sentiment que seul Brest était dans ce cas à l’époque. Aujourd’hui, tous les clubs de LBE ont un préparateur, permanent ou ponctuel.
Parlons un peu de Metz handball. Quelles sont tes relations avec les joueuses … ?
Excellentes ! Ce que j’apprécie, avec les filles, c’est l’adhésion au travail demandé, ce côté carré, cette intensité lisse dans la séance. Bien sûr, avant et après la séance, on est dans l’échange, dans le questionnement, dans l’explication. Mais une fois le travail demandé, tout roule. Il m’est arrivé, chez les garçons, de voir beaucoup moins de professionnalisme.
Et avec la structure ? Le coach ?
Excellentes. Je remercie le Président Weizman pour la confiance qu’il m’a faite à mon arrivée. Avec Manu, la collaboration est excellente depuis le début. En plus de nos exigences professionnelles communes, nous avons développé une relation amicale qui se ressent au quotidien. Il en va de même avec Katya (Andryushina, l’adjointe) et le reste du staff, sportif et médical. Tout cela favorise une excellente atmosphère de travail.
Un avis sur la saison en cours ?
Pour le moment, ça se passe très bien (entretien réalisé le 24 février, veille de la victoire contre Mérignac). Depuis 5 ans que je suis au club, à chaque début de saison, on nous dit que ça va être très difficile, en raison du départ de telle ou telle joueuse. Je constate que l’on parvient toujours, malgré tout, à se maintenir à un excellent niveau, voire à nous améliorer. On va voir comment se terminera cette présente saison. On fait tout pour gagner des titres, mais restons concentrés, pour l’instant on n’a rien gagné.