Le Département de la Moselle et la Région Grand Est envisagent de reprendre certaines des routes nationales et autoroutes que l’Etat souhaite transférer aux collectivités. Mais pas question de se précipiter.
L’État transfert une partie des routes nationales et autoroutes (non concédées à des sociétés), soit environ 10 000 km, aux Départements, Métropoles et Régions qui le désirent. Dans le Grand Est, l’A31 et l’A30, la RN 4 ou bien encore la RN 52 figurent sur la liste. Le Département de la Moselle et la Région Grand Est se sont positionnés sur différents lots. Le Département de Moselle pourrait ainsi « reprendre » des tronçons de l’A 320 et des RN 33, 52 et 61. Du côté de la Région, elle envisagerait de reprendre l’A 31, l’A 30 ainsi que les RN 4, 52 et 431 (figurant sur son territoire, bien évidemment). L’intérêt de la démarche : avoir la main sur le réseau routier de manière à ce qu’il gagne en « cohérence » avec l’existant et les stratégies de mobilité douce. Pour rappel, le Département ne manque pas d’expertise en la matière puisqu’il veille et entretient déjà 4 300 km de routes départementales répartis sur tout le territoire mosellan. Mais pas question pour Jean Rottner et Patrick Weiten, les présidents de la Région et du Département, de s’engager à la légère car entretenir des routes, ça coûte cher. Refaire la couche de roulement d’un kilomètre de route départementale, c’est 100 000€, une réfection de la chaussée, c’est 200 000€. En cas de transfert d’une voie, l’État entend donner à la collectivité l’équivalent de trois ans des coûts de fonctionnement et de cinq ans des dépenses d’investissement. Des conditions « serrées » qui font que de nombreuses collectivités hésitent ou ont décliné la proposition de l’Etat. D’où l’impérieuse nécessité d’avoir des assurances (et des données fiables) quant à l’état réel des infrastructures et de négocier ce qui peut l’être en matière de compensation même si cela s’annonce compliqué. En ce qui concerne plus spécifiquement l’A 31, Jean Rottner entend aussi obtenir des garanties pour l’entretenir et l’exploiter, la mise en place d’une redevance (écotaxe) pour les poids-lourds étant évoquée. Si l’État se sépare de « ses » routes, c’est aussi parce qu’il peine à les entretenir et à les développer… « Le rythme de vieillissement du patrimoine routier (non concédé) s’est ralenti, mais la tendance n’est pas encore inversée », souligne la Cour des comptes dans un rapport de mars 2022.