Si vous le voyez se mettre en avant, ce sera seulement pour réaliser ses mouvements de kata qu’il s’évertue à répéter depuis le début de l’adolescence. Champion de karaté mais aussi de l’humilité, Karim Abdelli aime mener le combat, sur et en dehors des tatamis. Portrait d’un homme qui s’est sauvé par le sport et qui appelle à la transmission.
En une journée, je vis dans deux mondes différents. » Le grand écart pour le champion de karaté qu’il est, s’impose à lui de manière assez logique. Karim Abdelli, voit son quotidien rythmé de manière haletante par les tâches professionnelles et les occupations personnelles. À l’heure où le réveil sonne pour la plupart des gens, le ceinture noire sixième dan de karaté, se trouve déjà à la salle de musculation où il s’adonne au renforcement musculaire pendant une heure.
Ensuite, il se revigore auprès de sa bande d’amis dans un café messin. Frank Rouyer, un de ses camarades de toujours décrit la riche personnalité de celui qu’il considère avec une immense estime : « Je l’ai rencontré alors que nous étions adolescents, c’est un ami fidèle doté de nombreuses qualités humaines. Il est la discrétion incarnée. » Sandra Albert, la présidente du club de karaté de Marly (voir interview par ailleurs) le confirme : « Il est discret à l’extrême et d’une énorme bienveillance ». Elle confie également que celui qu’elle considère comme un grand frère était « très proche de son père ». Le regretté Gilbert Albert demeure en effet comme un mentor, un père spirituel pour Karim Abdelli. Au rang des Sensei, et malheureusement aussi disparu, il ne veut surtout pas oublier, une de ses plus belles rencontres, le Maître Gilbert Gruss : « Il avait un œil d’expert sur les arts martiaux, il m’a pris sous son aile. Il restera un des plus grands experts mondiaux que j’ai côtoyés. » Le manque demeure : « Son départ m’a mis un coup, j’ai même pensé à décrocher. »
Finalement, le devoir de transmission l’a emporté et l’actuel chef de service au point accueil CMSEA pour jeunes en grande précarité et en errance, a voulu passer le flambeau. Afin de donner la passion pour cet art martial riche en enseignements au quotidien. Celui-là même que lui a inculqué son premier maître d’armes Dominique Biotteau. Le souvenir des années 80 rejaillit alors ; le temps-même d’une scolarité chaotique et, à côté, la rue qui tentait de le happer : « Dominique m’a remis dans le droit chemin. Je pratiquais le karaté quasiment tous les jours, c’était une échappatoire et un exutoire. Je faisais alors la fierté de mes parents et j’étais enfin rentré dans le droit chemin. » S’en suivent plusieurs sacres de champion de Moselle et de Lorraine en kata et combat. Jeune adulte, il s’adjuge les internationaux du Luxembourg mais aussi de Londres. Il s’arrêtera à un magnifique quart de finale de championnat de France.
Bien dans son corps, mieux dans sa tête, le jeune Abdelli comprend alors aussi la nécessité d’entreprendre des études et passe son CAP soudeur. Plus tard, il passe d’autres diplômes en rapport avec le sport jusqu’à une formation de trois ans qui lui sert encore aujourd’hui dans ses tâches professionnelles. Il peut alors y faire parler ses nombreuses et immenses qualités humaines qui bénéficient à 350 jeunes dans le besoin. Abdelali Fahime, son directeur au sein du CMSEA Metz, loue « la grande bienveillance » de son collègue et ajoute : « Il sait faire preuve d’empathie et de compassion tout en ayant de l’exigence et de l’ambition pour les personnes qu’il accompagne. » À demi-mots, Karim Abdelli confirme les dires de son supérieur : « L’idée c’est d’aller s’affronter, se confronter afin d’être dans une démarche d’insertion. » Avec au passage, la mise en place d’animations de karaté et de self défense…
Sandra Albert : « Une formation de qualité«
Tour d’horizon du Club Marly Karaté avec sa présidente Sandra Albert.
Combien de licenciés comptez-vous ?
55 licenciés garnissent actuellement nos rangs. Nous sommes en augmentation. Après le Covid, j’ai proposé pendant un an l’adhésion gratuite et cela a certainement incité les gens à venir. Chacun aime l’ambiance au sein de notre formation. Et ce, bien souvent depuis tout petit. Nous avons amené une vingtaine de jeunes vers la ceinture noire.
Où vous situez-vous par rapport aux autres clubs de Moselle ?
Longtemps le club de Thionville et de Montigny-lès-Metz avec Gilbert Gruss ont régné. Sur la région messine, nous ne brillons pas forcément par nos résultats mais nous offrons à chacun un très bon encadrement. C’est cela qui nous permet de fidéliser autant de monde !
Quels sont les principaux faits d’armes de l’entité ?
De 2005 à 2015, les seniors féminines ont décroché des titres régionaux. Je pense notamment aux sœurs Gaspard et à Camille Demange. Je n’oublie pas Jérôme Deheppe qui a réalisé de bons résultats aux championnats de France. Pour finir, Marcel Mathe, champion en titre du Grand Est, va concourir au championnat de France vétéran à Paris en mai.
Quels sont les objectifs de votre club ?
C’est avant tout de continuer le travail de formation et de passage de grades des enfants. Par ailleurs, il serait bien de relancer l’aspect compétition de notre club.
Que peut trouver un futur licencié au sein de votre club ?
Une bonne ambiance et une formation de qualité. Nous n’avons pas perdu le lien avec le traditionnel, c’est un art martial avant tout. Tous ceux qui veulent démarrer se voient proposer quelques séances d’essai.