En cette rentrée littéraire, Amélie Nothomb consacre Le Livre des sœurs,son 31e ouvrage, à l’amour fusionnel, à la complicité sororale.
Ce roman n’est pas autobiographique, Tristane et Laëtitia ce n’est pas ma sœur (Juliette) et moi mais elles le sont néanmoins dans le sens où elles forment un couple fusionnel », explique Amélie Nothomb à propos de Le Livre des sœurs. Et ce n’est pas le seul amour fusionnel de ce roman puisque leurs parents, Florent et Nora, le vivent également. « Le matin, Florent conduisait Nora au garage puis il partait vaquer à ses occupations. Ils travaillaient avec le sérieux qu’on leur connaissait. Ce n’était pas encore l’époque des portables. Quand il avait fini sa journée, le mari appelait la femme dans son bureau. Elle attendait cette sonnerie avec ferveur. La soirée était prétexte à des réjouissances sans nom. On allait se promener dans les champs. On débouchait la meilleure bouteille. On cuisinait ensemble. On se couchait avec délices. On arrivait au travail les yeux à peine ouverts. Trois années passèrent. À voguer sur les nuages… ». Beaucoup d’amour, autrement dit mais trop exclusif. Nora et Florent sont dans un amour « forteresse ». Alors devenus parents – un peu par obligation- , ils ne se préoccupent guère de leurs enfants. Tristane grandit comme dans l’anonymat, dans le silence et le vide. Elle travaille bien à l’école, se rapproche aussi de sa tante Bobette (la sœur de Nora) et de sa cousine Cosette. Et puis arrive Laëtitia. Un rayon de soleil. C’est une « renaissance » pour Tristane qui prend soin de sa petite soeur. En grandissant, les « filles » apprennent à se débrouiller, à s’organiser. Elles forment un superbe duo, déluré, complémentaire. Tout au long du livre, le lecteur est ainsi convié à suivre ces histoires et ces parcours. Amour, haine, jalousie, indifférence… Amélie Nothomb puise volontiers dans toute la palette des sentiments. Ah ! Et puis il y a du rock, aussi…
Les Vertueux de Yasmina Khadra
Je suis l’aîné d’une fratrie composée de quatre filles et de trois garçons. Deux de mes sœurs, à peine pubères, avaient été mariées à des gamins obtus qui les retenaient captives loin de chez nous – on ne les voyait presque pas ; les deux autres prenaient leur mal en patience en attendant un prétendant. Hassan, mon cadet, et moi étions des bergers. Quant à Missoum, notre benjamin, il était parti pour rester petit toute sa vie. À trois ans, il tétait encore le sein de notre mère en mordant à pleines dents dans son croûton »… Yacine Chéraga n’avait jamais quitté son douar algérien lorsqu’il est envoyé en France pour se battre contre les « Boches », en 1914. De retour au pays après la guerre, d’autres aventures incroyables l’attendent. Traqué, malmené par le sort, balloté par le destin, il n’aura, pour faire face à l’adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité. « J’ai vécu ce que j’avais à vivre et aimé du mieux que j’ai pu. Si je n’ai pas eu de chance ou si je l’ai ratée d’un cheveu, si j’ai fauté quelque part sans faire exprès, si j’ai perdu toutes mes batailles, mes défaites ont du mérite – elles sont la preuve que je me suis battu ». Les vertueux est considéré comme l’un des plus beaux romans de l’œuvre de l’écrivain algérien Yasmina Khadra à qui l’on doit notamment la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad.
Paru chez Mialet-Barrault