Avec Le silence et la colère, Pierre Lemaitre renoue avec la famille Pelletier pour une saga familiale, un roman historique, un feuilleton social, une fresque romanesque. Le tout servi avec humour.
La grande saga commencée avec la trilogie Les enfants du désastre il y a tout juste 10 ans se poursuit dans les années 50. Après Le grand monde, premier volet consacré à la période des Trente Glorieuses, paru l’an dernier, place à Le silence et la colère. Le Goncourt 2013 (pour Au revoir là-haut chez Albin Michel) poursuit son immersion dans cette « parenthèse temporelle », en compagnie de la (désormais fameuse) famille Pelletier. Nous sommes en 1952. Le père de la famille se passionne désormais pour la boxe. Jean, dit Bouboule, le fils ainé se démène pour mener à bien son projet de magasin de vêtements révolutionnaire tout en composant avec son épouse, la terrible (et horrible, aussi) Geneviève. Le second fils François, tente de percer les mystères que lui cache son amoureuse sourde, Nine. Hélène, la fille, est, bien entendu, aussi présente et bien active puisque son rédacteur en chef a envoyé la jeune journaliste en reportage dans un village voué à disparaître sous les eaux d’un barrage hydroélectrique. Tout ce petit monde s’agite et avance comme il peut, compose avec ce qu’était alors l’époque, avec ces années « remue-ménage » tant sur le plan social, qu’économique, sociétal, familial, technologique, politique, médiatique…Les faits « historiques » ne manquent pas, alimentant les colères mais également de terribles silences. Les Trente Glorieuses n’étaient assurément pas si « géniales » que ça, en tout cas pas dans tous les domaines et pas pour tout le monde. Dans cette atmosphère, Pierre Lemaitre déroule les petites histoires et péripéties de ces différents personnages (les Pelletier mais beaucoup d’autres encore tout aussi truculents), avec tendresse et humour. Un plaisant feuilleton social, un bon moment de lecture.