C’est fini. Depuis hier, le projet agricole qui semblait pourtant primordial pour le Nord Mosellan, après avoir suscité de nombreux espoirs et discussions nourries depuis plus d’une décennie à savoir, la construction d’un abattoir moderne destiné aux éleveurs du territoire, ne verra finalement pas le jour.
C’était dans l’air mais le coup fatal vient d’être définitivement donné. Au lendemain de l’annonce officielle, le choc ainsi qu’une forme de résignation règnent dans les rangs des porteurs de ce projet d’abattoir. Ce dernier visait à renforcer les circuits courts et à répondre à des besoins économiques et environnementaux pressants. Après de multiples rebondissements, il n’en sera rien.
Norbert Handrick, président de la société coopérative en charge du projet, a exprimé un désarroi commun : « C’est un immense gâchis car il y a eu énormément de travail depuis des années ». Fini donc l’espoir de voir prochainement sortir de terre le bâtiment de 2.000 m² dimensionné pour traiter annuellement 2 500 tonnes de viandes bovines, porcines et ovines. La structure devait comprendre aussi une bouverie, conçue pour respecter le bien-être animal, des frigos et des ateliers de découpe, de mise sous vide et de mise en carton. Tout est relégué dorénavant aux oubliettes.
Le projet se voulait aussi grand qu’ambitieux. Il était surtout pensé comme une réponse à la diminution du nombre d’abattoirs dans la région, contraignant les éleveurs à parcourir de grandes distances, avec des conséquences environnementales et économiques importantes.
Malgré les rebondissements en cascade depuis le lancement de l’idée en 2011, les signaux semblaient au vert jusqu’à l’été dernier où les banques se sont retirées. Si elle voulait inverser la tendance, la structure devait être en mesure de trouver un volume supplémentaire de 1 000 tonnes de viandes par an. Elle n’y est pas parvenue et n’a donc pas convaincu les banques qui l’ont privé d’un financement essentiel de 2,5 millions d’euros. Le coup ultime était alors porté en dépit d’un rassemblement de 170 éleveurs, des coopératives françaises et étrangères, ainsi que le soutien de neuf collectivités locales. Une mobilisation et un dernier baroud d’honneur qui marque la preuve d’un besoin cruel dans cette zone transfrontalière.
Malgré une forte mobilisation d’élus et d’agriculteurs
Michel Paquet, président de la Communauté de Communes de Cattenom et Environs, porteur émérite de cette ambition d’aménagement, s’était d’ailleurs largement étendu sur ce sujet lors de sa conférence de presse de rentrée comme nous vous le relayons dans les colonnes de notre édition de novembre : « Les agriculteurs locaux doivent se rendre en Moselle Est, ce qui est ultra contraignant et une ineptie sur le plan environnemental. Je milite pour le circuit-court. ». C’était il y a un peu plus d’un mois et l’élu affichait encore de l’optimisme en espérant voir aboutir enfin la construction de ce lieu qui promettait d’enlever une grosse épine des pieds des agriculteurs.
Face à cette issue fatidique, les éleveurs, les élus locaux et les communautés impliquées voient le paysage s’assombrir et cherchent dorénavant des solutions alternatives pour sortir de cette impasse. L’exploration de nouvelles pistes sont étudiées comme celles de nouveaux partenariats avec d’autres abattoirs. En attendant, les éleveurs du bassin de Nord-Moselle continueront de faire des kilomètres pour abattre leurs bêtes, faute de structure de proximité adéquate prévue à cet effet. Jusqu’à quand ?