Lors de sa visite à Metz ce vendredi 15 novembre, Bruno Retailleau a alterné rencontres avec les élus locaux, échanges avec le personnel de l’administration territoriale et déclarations fermes en conférence de presse sur des sujets brûlants tels que l’immigration, les gens du voyage ou la lutte contre l’antisémitisme.
Sa matinée s’est déroulée au Secrétariat général pour l’administration du ministère de l’Intérieur (Sgami), suivie d’un déjeuner avec les gendarmes, d’échanges avec les policiers et leurs syndicats, puis d’une réunion avec des élus, à l’exception de ceux du groupe municipal Unis pour Metz, peu enclins à lui pardonner ses propos récents sur l’État de droit.
Lors de cette journée, il a présenté « quelques annonces sur les moyens et les transformations dans certains bâtiments et services, numériques par exemple », tout en soulignant qu’il s’agissait de sujets « très techniques ». Lors de sa conférence se déroulant au Club de la Presse de Metz-Lorraine, le ministre s’est concentré sur « les préoccupations des Français ».
Le département au cœur de l’action publique
Comme pour faire écho à la rencontre, le même jour à Angers, du Premier ministre Michel Barnier devant les représentants des Départements de France, le ministre de l’Intérieur a tenu à rappeler tout son attachement à l’échelon départemental, qu’il qualifie de « bonne taille », en ajoutant : « Ce maillon territorial est suffisant pour avoir de la distance sans oublier la proximité ».
Pour concrétiser cette vision, Retailleau souhaite réorganiser l’État autour du Préfet de département : « L’État doit parler d’une seule voix car Paris ne sait pas tout. » À noter que Laurent Touvet, Préfet de la Moselle, était présent à ses côtés tout au long de cette journée marquée par une immersion dans les réalités locales, moment au cours duquel le ministre n’a pas manqué de saluer François Grosdidier, maire et président de l’Eurométropole de Metz pour son « action exemplaire en matière de police municipale. »
Immigration : « Les Français nous demandent d’agir ! »
Sur le sujet de l’immigration, Bruno Retailleau a martelé un mot d’ordre : fermeté. Selon lui, cette exigence transcende désormais les clivages politiques. « Les Français nous demandent d’agir ! Et bien j’agirai », a-t-il affirmé, détaillant un plan en trois volets.
Au niveau européen, il a porté la modification de la directive « retour », qui prévoit notamment la fin du délai de départ volontaire pour les personnes en situation irrégulière. À l’échelle internationale, il a souligné des accords bilatéraux en cours, citant notamment un récent accord avec le Kazakhstan pour l’accueil de migrants afghans. Enfin, au niveau national, il a annoncé plusieurs mesures, comme l’abrogation prochaine de la circulaire Valls concernant l’évaluation des dossiers de régularisation soumis par des étrangers en situation irrégulière. « Je souhaite que l’on se concentre sur celles et ceux qui “jouent” le jeu », a-t-il déclaré précisant que « la présence irrégulière en France, même depuis 1, 2 ou 3 ans, n’ouvre pas droit à régularisation. »
Gens du voyage : frapper au portefeuille
À Metz, Bruno Retailleau a abordé un sujet sensible en Moselle : les gens du voyage. En réponse aux critiques récentes du maire de Metz François Grosdidier sur la « passivité de l’État », le ministre a annoncé la mise en place d’un groupe de travail. Ce dernier réunira élus et préfets pour élaborer des mesures telles que la saisie de biens ou des sanctions financières. Pour Retailleau, le principe est clair : « Au sein de la République, chacun est libre de choisir son mode de vie ! Mais, la loi est la même pour tous. » Et de poursuivre : « Il est hors de question d’avoir une forme de double citoyenneté avec des citoyens qui se conforment aux règles et d’autres citoyens qui y échapperaient. Quand un citoyen ne paie pas son électricité, ne paie pas son eau, au bout d’un moment, il est sanctionné. Donc le principe est que le groupe de travail puisse donner ses conclusions avant le printemps prochain afin que l’on fasse passer un texte ».
Lutte contre l’antisémitisme : « Hors de question que la France abdique »
« Les actes antisémites ont été multipliés par trois depuis octobre 2023 », a déploré Bruno Retailleau. Il a dénoncé l’influence de « l’islamisme radical » et « celles et ceux qui instrumentalisent la cause palestinienne à des fins électorales ».
Le ministre a rappelé sa décision de maintenir le match France-Israël au Stade de France, malgré les pressions. « Il est hors de question que la France abdique face aux semeurs de haine », a-t-il affirmé.
Contrôles aux frontières : un équilibre à trouver
En réponse aux préoccupations concernant les contrôles aux frontières, Retailleau a indiqué avoir signé « la 18e demande de rétablissement de ces contrôles depuis les attentats de 2015 ». Il a précisé : « Qu’on me comprenne bien : ma volonté n’est pas de gêner les travailleurs frontaliers. Rappelant un échange récent avec l’ambassadeur d’Allemagne à Paris sur les pratiques « plus strictes », du voisin allemand tout en demeurant optimiste sur d’une prochaine amélioration de cette situation.