Lors d’un déjeuner tenu hier au Club de la Presse à Metz, Patrick Weiten, président du Département de la Moselle, a évoqué plusieurs sujets clés pour le territoire. Il a d’abord exprimé son bilan positif de l’impact des Jeux Olympiques 2024 sur la Moselle, tout en abordant les incertitudes autour de l’avenir du Moselle Open et d’autres dossiers importants.
L’impact positif des Jeux Olympiques sur la Moselle
L’événement phare pour la Moselle a été le passage de la flamme olympique. Weiten a décrit ce moment comme un véritable succès populaire, en particulier lors du passage à Amnéville. « Le succès populaire a été très fort. Même si au départ, nous étions sceptiques, le succès est indéniable », a-t-il affirmé, en rappelant que sa vision de cet engagement remontait à 2017, lorsqu’il avait convaincu le Conseil départemental de s’associer à cette aventure olympique.
En 2024, la Moselle a été parmi les premiers départements à obtenir le label Terre de Jeux. Selon Weiten, cet engagement visait à inclure pleinement le territoire dans l’esprit olympique : « Nous savions que la France allait vivre des moments exceptionnels, et que les territoires allaient être des acteurs de l’olympisme et du paralympisme. »
Il a également rappelé que les Jeux Olympiques ont renforcé l’adhésion collective autour des valeurs du sport, grâce notamment au soutien aux jeunes et aux bénévoles. Le Département avait offert des billets « à des enfants brisés par la vie », aux personnes en situation de handicap ainsi qu’à de de nombreux bénévoles et à des sportifs.
Weiten a par ailleurs exprimé la fierté des Mosellans devant les médailles remportées par des athlètes et parathlètes du département. « Nous avons accueilli 15 délégations étrangères, et nous avons noué des liens forts, notamment avec la Fédération brésilienne de volley-ball », a-t-il ajouté.
Concernant le coût de l’organisation, notamment le parcours de la flamme olympique, évalué à 180 000 euros, il a relativisé cet investissement : « Cela représente 0,18 euro par habitant, amorti sur un siècle. Un investissement minimal pour un bénéfice social et économique exceptionnel. »
Enfin, Patrick Weiten a évoqué l’après-JO, en insistant sur l’engouement suscité par l’événement et la nécessité de s’assurer que les clubs sportifs puissent répondre à la demande croissante de pratique sportive : « Maintenant que tout le monde veut faire du sport, il faudra s’assurer que les clubs puissent accueillir cette nouvelle demande. »
L’avenir du Moselle Open en péril
Patrick Weiten a ensuite abordé l’avenir incertain du Moselle Open, un tournoi de tennis de renommée mondiale, actuellement fragilisé par des tensions entre actionnaires. « Nous avons un événement qui rayonne au niveau mondial, qui accueille ce qui se fait de mieux dans le tennis international », a-t-il souligné.
Mais le président a exprimé son inquiétude face à la situation actuelle, qualifiant cette bataille juridique de « lamentable ». « Nous avons la chance d’avoir un actionnaire majoritaire, ancien numéro 5 à l’ATP, qui s’engage à maintenir le Moselle Open en Moselle », a-t-il précisé. Cependant, une action en justice engagée par des actionnaires minoritaires menace l’avenir du tournoi.
Weiten se questionne sur les motivations de ces actionnaires minoritaires, estimant qu’ils cherchent à « faire mourir » le Moselle Open. Il a rappelé qu’un responsable de l’ATP avait validé la pérennité du tournoi en Moselle, avant que ce litige ne compromette ces plans.
Malgré ces incertitudes, l’édition 2024 du Moselle Open est confirmée et Patrick Weiten espère que le tournoi continuera d’attirer les meilleurs joueurs mondiaux. « Cette bataille judiciaire n’intéresse que ceux qui l’ont déclenchée », a-t-il affirmé non sans irritation.
Il a rappelé que le Moselle Open attire 50 000 spectateurs. Il est diffusé sur 64 chaînes télévisées et représente un événement majeur pour le rayonnement de la Moselle. Weiten a également insisté que l’engagement social de ce tournoi, qui permet à 2 300 collégiens mosellans d’assister à l’événement.
L’avenir du tournoi repose désormais sur les décisions de justice : « Pour l’instant, l’ATP ne peut rien faire, ils attendent la décision du tribunal de commerce », a conclu Patrick Weiten.
Soutien à Michel Barnier et critique des récentes déclarations de Bruno Lemaire
Le président de la Moselle a également réagi aux propos récents de Bruno Lemaire sur la dette des Départements, exprimant son profond désaccord. « Bruno Lemaire méconnaît totalement le fonctionnement des collectivités territoriales », a-t-il lancé. Weiten a insisté sur le fait que la dette des collectivités locales sert à investir, contrairement à celle de l’État, qui est souvent utilisée pour financer le fonctionnement.
« Nous n’avons pas le droit de faire de l’emprunt pour financer le fonctionnement ou payer le personnel, c’est interdit », a-t-il rappelé, avant d’ajouter que 70 % de l’investissement public en France est réalisé par les collectivités locales.
Patrick Weiten a aussi déploré l’absence de compensation financière de la part de l’État pour couvrir certaines dépenses sociales, comme celles induites par le Ségur de la Santé. Il anticipe une augmentation de 55 millions d’euros dans les charges de fonctionnement du département en 2024.
Il s’est dit cependant optimiste quant à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, saluant l’expérience locale et européenne de ce dernier : « Enfin un Premier ministre qui connaît les collectivités locales et sait à quoi sert un département. »
Plaidoyer pour un collège franco-luxembourgeois
Patrick Weiten a, pour finir, réitéré son engagement en faveur de la création d’un collège franco-luxembourgeois sur le territoire mosellan, près de la frontière avec le Luxembourg. « Je suis un homme obstiné et têtu », a-t-il exprimé, soulignant sa détermination à voir ce projet aboutir.
Pour lui, la Moselle, terre transfrontalière par excellence et héritière de l’esprit de Robert Schuman, doit favoriser les échanges avec ses voisins luxembourgeois et allemands. « Plus de 100 000 de nos concitoyens pratiquent au quotidien la relation avec le Luxembourg. Comment se fait-il qu’un jeune mosellan ne puisse pas fréquenter un collège franco-luxembourgeois ? » s’interroge le président.
Il a rappelé que les autorités luxembourgeoises, représentées par le ministre Claude Meisch, ont déjà donné leur accord pour ce projet : « Il m’a dit personnellement : « Arrange-toi avec ton gouvernement, parce que moi je suis d’accord. » » Selon Patrick Weiten, les adaptations nécessaires aux différences d’organisation de l’enseignement entre les deux pays sont tout à fait réalisables.
Il n’empêche, le projet rencontre des blocages du côté français. « Pour l’instant, je n’ai que des réponses négatives de l’État », déplore-t-il. Malgré les réticences des autorités académiques françaises, il ne compte pas renoncer : « Dès que le ministre de l’Éducation sera connu, je contacterai son cabinet pour obtenir un rendez-vous et qu’il m’explique pourquoi ce projet ne pourrait pas voir le jour. »
Le président a également rappelé l’urgence de reconstruire le collège d’Audun-le-Tiche, désormais inadapté tant en termes de capacité que de qualité et d’accès. Il voit dans la création d’un collège franco-luxembourgeois une opportunité pour l’avenir du territoire mosellan : « On ne peut pas en permanence encenser l’Europe et être incapables de construire un collège entre la France et le Luxembourg. »
Patrick Weiten a souligné que ce modèle existe déjà entre le Luxembourg et l’Allemagne, avec des enseignants de chaque pays sous leur propre statut, et que cela fonctionne parfaitement. « Reproduisons cet exemple en Moselle, à Audun-le-Tiche. Ce serait une première. »
Enfin, il a exprimé son agacement face à la lenteur administrative et aux nombreuses études menées sur ce type de projets : « Moi, je ne veux pas une étude, je veux un collège. »