Les Archives municipales de Metz consacrent une exposition à Jean Morette, artiste lorrain aux nombreux talents. Les plus anciens ont été bercés par ses illustrations qui défendaient notre région sous toutes ses facettes, à travers un panorama des coutumes et légendes.
Cette affaire tient de l’histoire de famille. La sienne à travers la démarche de ses deux enfants, Pierre et Marie-Françoise, comme celle, plus grande, qui s’est constituée au fil de plusieurs décennies autour de plusieurs générations qui ont grandi avec ses dessins.
En Lorraine, nombre d’établissements scolaires et autres institutions portent le nom de Jean Morette. Pourtant ce nom n’évoque pas grand-chose pour qui ne serait pas natif de la région et ne serait pas un minimum curieux. C’est d’ailleurs l’une des qualités de cette exposition que de permettre de découvrir le parcours et un tout petit pan de ce que celui qui reste essentiellement connu pour ses dessins et illustrations, a pu produire sur presque 70 ans de sa longue vie.
Mais il suffit d’observer le regard plein d’étincelles et d’émotion des visiteurs de l’exposition pour comprendre que celle-ci accorde à chacun la possibilité de retrouver et/ou d’éprouver leur âme d’enfant. Celle-là même que Jean Morette avait lui-même préservée, dans ses créations (dessins, aquarelles, gravures ou contes) comme à travers sa profession d’instituteur.
Une vraie vocation héritée de sa mère, elle-même enseignante. Celle de transmettre le savoir et d’instruire en s’amusant. La même ambition qui l’animait lorsqu’il partageait l’amour de sa région en en croquant l’histoire, les contes et traditions, partagées à travers ses illustrations à l’encre de Chine pour Le Républicain Lorrain dès les années 30 (son fondateur, Victor Demange, avait été séduit par le talent de Morette), les éditions du Concours de Noël à partir de 1952 dans les pages du quotidien, ou au fil des multiples ouvrages réalisés comme auteur ou illustrateur – on en compterait plus de 120.
« Ces deux facettes de son activité, pédagogue et artiste, étaient liées : l’une servait à l’autre et vice-versa, » explique Pierre Morette, son fils. « Il est toujours difficile d’ouvrir le grand livre des souvenirs, car j’ai vécu son travail à la hauteur d’enfant, l’observant dessiner toujours le sourire aux lèvres. Dès qu’il sortait de sa classe, il filait à sa table à dessin ou nous embarquait à travers la campagne lorraine pour faire des croquis – jamais de photo. Et son amour des enfants l’amenait régulièrement à communiquer avec le dessin en classe. Même lorsqu’il préparait ses élèves à exercer un travail manuel dès 14 ans, il le faisait en créant l’envie chez eux. »
Il faut souligner le travail de mémoire exercé par l’exposition, conçue en un temps record. À peine quelques semaines après le legs du fond de l’artiste à la ville de Metz par les deux enfants ; après son prêt 15 ans durant à la médiathèque de Jarny « qui en a profité pour faire un formidable travail de référencement et d’organisation du fonds. »
S’y retrouvent dessins, gravures, textes mais aussi une douzaine de panneaux retraçant le parcours de l’homme et de l’artiste, quasi romanesque de par ses rencontres et aventures (Victor Prouvé le prenant sous son aile en 1934 à l’école des Beaux-Arts de Nancy ; sa déportation, soldat, en Allemagne où il n’abandonne pas le dessin) jusque dans son amour de la Lorraine. Une adaptation du petit théâtre de Guignol décorée de l’univers de Jean Morette accueille même les enfants pour une photo souvenir.
« C ‘est une belle symbolique que ce fonds soit aujourd’hui à Metz. La ville était le point d’ancrage de mon père – il était membre de l’Académie Nationale de Metz. Et cette exposition un bel hommage à sa fougue à porter ses passions à la connaissance des autres. » Christophe Prévost
Exposition Le monde enchanté de Jean Morette, jusqu’au 14 avril aux Archives Municipale de Metz