La centrale à charbon Émile Huchet de Saint-Avold est prête à reprendre du service tout au long de l’hiver afin de fournir de l’électricité. Mais le site industriel poursuit sa reconversion énergétique.
La météo clémente courant octobre fait que la demande en électricité n’a pas encore fortement augmenté. Mais les températures vont commencer à sérieusement baisser, c’est alors que la centrale charbon de Saint-Avold, propriété de GazelEnergie, qui a fermé ses portes en mars dernier (car jugée trop polluante), devrait reprendre du service. Et cela pour produire de l’électricité tout au long de l’hiver, alors que les tensions sur le marché de l’énergie sont vives et qu’il faut pallier les carences du parc nucléaire dont une partie des réacteurs sont à l’arrêt. Et tant pis si les émissions de CO2 vont s’envoler, il n’y a guère de plan B pour le gouvernement qui a autorisé cette réouverture (ponctuelle). Le redémarrage de la centrale dont la mise en service industrielle remonte à 1951, ne se résume pas appuyer sur l’interrupteur. Il a fallu assurer une révision complète, la remettre en état, organiser de nouvelles filières d’approvisionnement en charbon (la Russie était l’un des fournisseurs) en sachant qu’il en faudra entre 500 000 et 600 000 tonnes, composer avec la facture en lien avec la taxe carbone mais encore, rappeler les salariés et leur proposer des conditions financières suffisamment attractives pour reprendre du service. Elles le sont puisqu’environ 70 salariés sollicités ont accepté de revenir (il est vrai aussi qu’ils n’avaient pas demandé à partir !). GazelEnergie ne communique guère sur les coûts que tout cela génère mais si les investissements sont importants – plusieurs centaines de millions d’euros-, nul doute que la « pige» devrait aussi rapporter gros. Fin octobre, le site est opérationnel et prêt à démarrer dès que nécessaire. En ce qui concerne l’après mars 2023, des projets sont activés pour préparer l’avenir du site industriel et sa « reconversion » énergétique, notamment en lien avec la filière hydrogène (voir ci-contre). Mais pour l’heure, rien ne dit que la centrale à charbon ne sera pas à nouveau sollicitée, l’an prochain, si la crise énergétique venait à s’éterniser. Le gouvernement devrait évoquer le sujet au printemps prochain.
Après le charbon, l’hydrogène
Si la centrale Emile-Huchet reprend ponctuellement du service, le site industriel tourne la page du charbon pour développer un ambitieux projet une filière territoriale de production, de stockage et d’utilisation d’un hydrogène, issu d’une électricité décarbonée. Les entreprises de l’énergie (Storengy qui est une filiale d’ENGIE, GazelEnergie), l’Etat, les industriels du territoire et des collectivités à commencer par la CASAS (Communauté d’Agglomération de Saint-Avold Synergie), sont à la manœuvre. Trois projets distincts mais complémentaires, sont initiés. Projet transfrontalier, mosaHYc (Moselle Sarre HYdrogène Conversion) vise à créer un réseau de transport européen 100 % hydrogène qui reliera la Sarre, le Grand Est et la frontière luxembourgeoise. L’hydrogène ainsi transporté sera utilisé pour des usages de mobilité en alimentant des trains, des poids lourds, des bus… Convertir une partie de sa flotte de bus à l’hydrogène dès 2024, la CASAS l’envisage également en s’appuyant sur le projet Emil’Hy. L’ambition est d’installer, d’ici 2023, une unité de production d’hydrogène par électrolyse sur le site même de la centrale (et de le connecter au réseau évoqué précédemment) en capitalisant sur l’outil industriel existant. Cette unité montera en puissance pour alimenter aussi l’industrie. Dans un registre différent, la création d’un centre international de qualification et certification de composants hydrogène, en y intégrant également de la formation initiale et professionnelle, est initiée. Selon France Hydrogène, la filière hydrogène emploie 20 000 personnes aujourd’hui. Ce sont 100 000 emplois qui sont annoncés d’ici 2030.