Laura Cahen et Léonie Pernet, deux artistes féminines défendant chacune son second album, c’est l’affiche d’un concert où l’intime se conjugue à une forme de poésie identitaire.
Batteuse et DJette, Léonie Pernet a accompagné sur scène des musiciens comme le rémois Yuksek, et composé des musiques de film. Elle a mis du temps à « ramener de la chair dans la musique », comprendre “des mots”. Après Crave en 2018, premier brassage d’influences – sa musique n’est ni pop, ni classique, ni électro, ni chanson, mais tout ça à la fois, Le cirque de consolation, deuxième album puissant, est une utopie musicale. Un lieu qui n’existe pas encore, où s’enchâssent les liturgies classiques et les chants de machines, les transes sahariennes et les beats d’Afrique de l’Ouest.
Un album qui ose la poésie, le lyrisme, le romantisme, l’orchestration, et se joue des contrastes : entre la voix nue et la voix travaillée, les percussions traditionnelles et les boîtes à rythmes, les cordes et les sons électroniques, les synthétiseurs et le piano, il peint de sombres tableaux aquatiques où l’espace sonore se distend pour libérer des paroles intimes, où la mélancolie est saupoudrée de subtils grains de sable d’allégresse.
C’est aussi tout un monde que dessine de manière tout aussi engagée Laura Cahen avec sa musique. Un monde aux airs de manifeste, aussi intime qu’universel, qui s’affirme sous les traits d’Une fille, second album paru au printemps dernier. La Nancéienne y revendique avec poésie son identité homosexuelle et ses convictions féministes, bousculée par une actualité trop souvent intolérante.
Un second album qui lui ressemble encore davantage que le premier. « C’est moi de manière différente. Le premier plongeait dans le passé et l’histoire de ma famille, mes émotions y étaient plus lointaines, noyées dans les nuages. Là j’ai eu envie d’être plus concrète et directe tout en gardant une part de poésie et d’onirisme, mais au plus près de mes émotions présentes. » Attention toutefois à ne voir que quérulence derrière ce qui est avant tout un disque de mots d’amour et d’humanité. « Je pouvais m’y attendre avec un titre comme Dans mon lit, mais c’est un sujet qui me tient à coeur. C’est ma vérité : je suis en couple avec une femme et ça me semblait naturel de ne pas le cacher, d’éviter d’autres pronoms et de dire “elle” tout simplement. Ça peut ouvrir les esprits même si je ne suis pas la seule à en parler, d’autres le font d’une autre manière. Plus on est plus ça avancera. »
Sa musicalité a également évolué, déployée dans une forme de pop ligne claire qui sert ses textes et son chant de manière plus directe.
« Avec le premier album réalisé par Samy Osta (Feu! Chatterton, Rover…), on était sur un truc un peu western avec beaucoup d’effets, de reverb sur les voix et les guitares. Et là j’ai eu envie de prendre le contrepied avec quelqu’un qui travaille tout à fait différemment : Dan Levy de The Do. Là on a voulu faire une pop un peu brute, minimaliste et sans effet du tout, avec la voix au centre, simple et pure. Pour que le reste habille les chansons sans les travestir ou les dénaturer. En préservant leur essence organique pure avec juste quelques touches d’électro, en gardant la base de la guitare classique. »
C’est avec la formation d’origine qu’elle présentera ses chansons sur scène, avec Zoé Hochberg à la batterie et Audrey Henry à la basse et aux claviers. « Un trio rock un peu classique, avec nos 3 voix ».
Le 26 février aux Trinitaires