Le Département de la Moselle a consacré, jeudi 18 septembre, une journée de territoire au développement de l’économie touristique. Entre visites emblématiques et prises de parole dans le secteur de Sarrebourg – Château-Salins, Patrick Weiten a défendu une stratégie visant à faire du tourisme un levier majeur d’attractivité et de croissance locale.
Après l’énergie et l’eau, c’est le tourisme qui s’est imposé comme thème de la troisième journée de territoire organisée par le Département. Le rendez-vous avait pour cadre le secteur de Sarrebourg – Château-Salins, un territoire riche en initiatives et en projets d’envergure. La matinée a débuté au domaine de Rémi Gauthier à Vic-sur-Seille, où les participants ont découvert l’Association des vignerons réunis du Saulnois et les tiny houses installées au cœur des vignes pour développer l’offre œnotouristique.
Le programme s’est poursuivi par une étape au Parc animalier de Sainte-Croix, site phare de la région, qui a présenté ses nouveaux aménagements et son futur parcours hivernal Lumières d’Hiver. Enfin, le chantier du futur hôtel-spa quatre étoiles du Domaine de l’Éclaircie, à Lettenbach, a ouvert ses portes avec une chambre témoin dévoilée en avant-première. Trois projets différents, mais qui partagent un même objectif : enrichir et diversifier l’offre touristique en Moselle.

« Une économie non délocalisable »
À l’issue de ces visites, Patrick Weiten a pris la parole pour rappeler la place stratégique du tourisme dans l’action départementale. « Cette économie produit de la richesse, de l’attractivité et de l’emploi. Avec plus de 20 000 postes concernés, le tourisme constitue une véritable économie de proximité, qui n’est pas déracinable », a-t-il insisté devant élus et acteurs locaux.
Le président du Département en a profité pour souligner la montée en gamme observée ces dernières années, qu’il s’agisse des hébergements ou de la restauration. « Nous avons accueilli en mars dernier 700 maîtres étoilés en collaboration avec le guide Michelin. Leur enthousiasme a montré que la Moselle pouvait rivaliser avec Monaco en termes de destination gastronomique », a-t-il rappelé, estimant que l’événement avait changé l’image du territoire auprès des professionnels.
Des investissements à la hauteur des ambitions
Cette montée en puissance repose sur des choix financiers clairs. En 2024, le Département et ses partenaires ont consacré 92 millions d’euros à la construction de nouveaux hôtels, à la rénovation d’établissements, à l’agrandissement de campings, à la modernisation des sites et à la création d’outils numériques. « Nous ne faisons pas seulement de l’investissement, nous bâtissons une image. Chaque euro dépensé dans un hébergement ou un équipement rejaillit sur le commerce de proximité et sur l’ensemble de l’économie locale », a martelé Patrick Weiten.
Pour lui, les projets portés à Vic-sur-Seille, à Rhodes ou à Lettenbach démontrent que les territoires ruraux disposent d’atouts considérables pour attirer une clientèle nationale et transfrontalière. « Les plus belles enseignes sont souvent en ruralité, et elles contribuent directement à faire rayonner la Moselle », a-t-il observé.
Des événements moteurs de fréquentation
Au-delà des équipements, les grands rendez-vous constituent un pilier de la stratégie. Le président a cité l’exemple du Sentier des Lanternes, qui attire chaque année 200 000 visiteurs, dont certains venus de l’étranger. « Ces événements structurent le calendrier, valorisent nos artisans, alimentent nos circuits courts et génèrent une économie parallèle », a-t-il expliqué.
Le label Noël de Moselle, qui fédère de plus en plus de communes, participe de cette logique. De Sarrebourg à Forbach, en passant par les villages et les grandes villes, l’ensemble du département s’implique pour créer une identité commune et renforcer l’attractivité. « C’est par le tourisme que nous réussissons à aménager nos territoires et à redonner un souffle économique à des communes qui en ont besoin », a insisté Patrick Weiten.

Entre ambitions et contraintes budgétaires
Mais derrière cette dynamique, les tensions financières restent fortes. Le Département doit faire face à une hausse de 40 millions d’euros de ses charges sociales obligatoires et à une baisse des dotations de l’État de 13 millions. « Cela représente 50 millions d’euros à trouver. Beaucoup de départements choisissent alors de couper dans le sport, la culture ou le tourisme. Je veux préserver ces budgets, car ce sont eux qui font le bien-vivre ensemble », a affirmé le président, en assumant un choix politique clair : maintenir le soutien à des secteurs non obligatoires mais essentiels à l’attractivité.
Une ambition collective
Le message de Patrick Weiten s’adressait aussi aux acteurs privés et aux collectivités locales : l’avenir passe par une mobilisation collective. « Nous avons créé Moselle Attractivité pour fédérer les énergies et placer la Moselle dans la compétition des territoires. C’est en nous appuyant sur votre savoir-faire, votre expertise et votre ténacité que nous réussirons », a-t-il conclu.
De Vic-sur-Seille à Rhodes, en passant par Lettenbach, cette journée de territoire a montré que la Moselle dispose d’une offre touristique diversifiée, en pleine transformation et que la volonté politique est au rendez-vous. Reste désormais à convertir ces initiatives en moteur durable de croissance et d’attractivité, dans un contexte budgétaire tendu mais où le tourisme apparaît plus que jamais comme un pari d’avenir.
« L’œnotourisme, levier de valorisation du terroir mosellan »

Au fil de la journée de territoire, l’étape au domaine de Rémi Gauthier a rappelé combien le vignoble mosellan est devenu un pilier du développement touristique local. Particularité du domaine : il cultive sur trois terroirs différents de l’AOC Moselle, du Saulnois à Novéant en passant par Sierck-les-Bains, une diversité rare que le viticulteur met en avant à travers l’auxerrois et le pinot noir. « Nous sommes sans doute les seuls à travailler sur ces trois terroirs, l’intérêt est de pousser des vinifications à la fois parcellaires et localisées », a-t-il expliqué.
L’année 2025 s’annonce comme un millésime prometteur, après deux campagnes compliquées. « Qualitatif, quantitatif… on devrait sortir de très jolis vins », se réjouit-il. Mais le métier ne se limite pas aux vendanges : du commerce à la vinification, en passant par la taille, le viticulteur jongle avec plusieurs casquettes.
La Fête des Vins de Vic-sur-Seille, qui connaît un succès croissant, illustre ce dynamisme. « Chaque année, les résultats progressent commercialement », note Rémi Gauthier, qui voit dans ces rendez-vous autant d’occasions de valoriser la production locale que de renforcer l’image de la Moselle comme terre viticole.
Le domaine mise aussi sur la croissance : reprise de parcelles, nouvelles plantations, perspectives de développement foncier sur 4 à 5 hectares dans les prochaines années. Autant de gages d’avenir pour répondre à une demande en hausse. Et si les amateurs devront patienter jusqu’au printemps 2026 pour goûter les vins récoltés cette année, une cuvée primeur pourrait voir le jour dès l’automne 2025.
« Le Parc de Sainte-Croix, vitrine d’un tourisme éducatif et durable en Moselle »

Au cœur de la journée de territoire consacrée au tourisme, le Parc de Sainte-Croix a rappelé que l’attractivité ne se mesure pas seulement en chiffres de fréquentation, mais aussi en capacité à sensibiliser. Pour Laurent Singer, son directeur, l’élevage et l’agriculture doivent rester au centre des paysages de la Moselle Sud : « Si on n’a plus d’élevage, on aura du maïs, des programmes de méthanisation à l’extrême et une perte de biodiversité importante. L’élevage contribue aussi à la biodiversité, permet d’avoir des paysages ouverts et donc à la nature de rester et de s’installer. »
L’établissement a fait de cette conviction un axe fort de sa stratégie. Une ferme de vingt hectares, des stations d’interprétation agricole et des ateliers participatifs permettent aux visiteurs de planter, de toucher la terre, de comprendre le cycle du végétal. « L’idée est de donner envie plutôt que de culpabiliser. L’écologie ne doit pas être punitive, elle doit émerveiller pour transmettre », a souligné Laurent Singer.
Cette orientation rejoint la logique défendue par le Département, qui voit dans le tourisme une « économie non délocalisable » et une chance pour la ruralité. Mais elle lui ajoute une dimension éducative et durable, assumant un choix de qualité plutôt que de quantité. « Ce n’est pas le nombre de touristes qui compte, mais la qualité de l’expérience. Nous voulons jouer notre rôle d’école de la nature », a insisté le directeur.
Le parc s’appuie sur des événements populaires – Halloween, le brame du cerf, le parcours hivernal Lumières d’Hiver – pour toucher un large public tout en diffusant des messages environnementaux. L’approche s’ancre aussi dans l’économie locale : 95 % des investissements sont réalisés avec des artisans et entreprises du territoire. « C’est un défi économique, mais c’est aussi ce qui donne du sens à notre action », a conclu Laurent Singer.


