À 40 ans, le Mosellan William Guenfissi, originaire de Woippy, s’apprête à vivre l’expérience la plus exigeante de sa vie : enchaîner le marathon puis le semi-marathon du Polar Circle Marathon, à Kangerlussuaq (Groenland), les 25 et 26 octobre. Ici, la course se déroule à la lisière de la calotte glaciaire et sur des pistes de gravier souvent enneigées, au nord du Cercle polaire : une épreuve réputée pour son terrain instable, son froid sec, ses vents soudains et sa logistique d’expédition.
Pour William Guenfissi, ce marathon n’est pas une simple compétition : c’est un aboutissement. Ancien joueur puis entraîneur de basketball, il a toujours cherché à repousser ses limites. En 2012, il prend le départ du marathon de Paris, qu’il terminera « dans la douleur ». Trois ans plus tard, un accident interrompt brutalement sa pratique. Loin de renoncer, il se tourne vers le handibasket, où il retrouve la passion de l’effort collectif. Sa détermination l’amène même à participer de nouveau au marathon de Paris, cette fois en fauteuil roulant. Une renaissance par le sport, avant un nouveau virage. En 2024, il décide de revenir à la course à pied « avec un nouvel état d’esprit : s’entraîner sérieusement et préparer un marathon de manière intelligente ». Depuis, son agenda est rythmé par les courses de préparation : footing long, travail de résistance, gestion du souffle et de la fatigue. En avril 2025, il boucle le semi-marathon de Londres en 1h58. Une performance solide qui l’a conforté dans son objectif : rejoindre la ligne de départ du Polar Circle Marathon.
L’un des marathons les plus isolés au monde
Organisé chaque automne à Kangerlussuaq, sur la côte ouest du Groenland, le Polar Circle Marathon est surnommé The Coolest Marathon on Earth. Son parcours, limité à 250 participants, traverse l’un des territoires les plus hostiles de la planète : la calotte glaciaire et la toundra arctique. Les coureurs foulent d’abord une portion de glace épaisse de plusieurs mètres avant de rejoindre une longue piste de gravier gelé menant vers la base de Kangerlussuaq. Les conditions y sont extrêmes : –10 à –15 °C, parfois bien moins sous le vent. L’altitude et les reliefs accidentés ajoutent à la difficulté. « Je sais que ce sera difficile, mais c’est aussi une aventure humaine incroyable. Face à l’immensité du désert blanc, on se sent petit, humble, mais tellement vivant », confie-t-il. Le programme est simple, mais redoutable : 42,2 km le samedi, suivis de 21,1 km le dimanche. Les temps limites sont de sept heures pour le marathon et quatre heures pour le semi. Une double épreuve baptisée Polar Bear Challenge qui attire chaque année des coureurs venus du monde entier, fascinés par la beauté glacée du Groenland.
Préparer l’imprévisible
Affronter la glace, le vent et le silence exige une préparation méticuleuse. À Kangerlussuaq, les vêtements en coton sont interdits, et les organisateurs imposent un minimum de trois couches techniques, bonnet, gants, crampons et coupe-vent. Les participants doivent aussi composer avec l’isolement : aucun public, pas de musique, des points de ravitaillement espacés et une lumière changeante. Le forfait de course, proposé par l’organisation, inclut les vols aller-retour Copenhague–Kangerlussuaq (Air Greenland), quatre nuits d’hébergement, les transferts locaux, une inspection de la calotte au Point 660, et un briefing de sécurité. Le tout dans un esprit d’expédition plus que de compétition.
Un défi à partager
Si le Polar Circle Marathon est avant tout un défi personnel, William Guenfissi veut en faire une aventure collective. Il partagera son périple et ses impressions sur les réseaux sociaux, avant, pendant et après la course. Son but : inspirer ceux qui doutent de leurs capacités et montrer qu’il n’est jamais trop tard pour se relever.
William Guenfissi est licencié à Moulins-lès-Metz Handisport et cadre technique au club de basketball de Aumetz. Il dirige Will’s Share, sa société de coaching sportif à Woippy depuis 2022. Sur internet : willsshare.com

Pour le challenge : polar-circle-marathon.com