Que ce soit sur les tatamis ou dans la vie de tous les jours, Saifedine Alekma, l’athlète de l’Association Sportive Sarreguemines Lutte s’engage inlassablement corps et âme. Rencontre avec un homme déterminé à aller décrocher son rêve d’enfant : la qualification pour les Jeux de Paris.
Un destin imparable. L’histoire d’amour entre Saifedine Alekma et la lutte affiche toutes les caractéristiques du film d’action rempli de scènes rocambolesques. C’est au bout du fil, en pleine séance de kinésithérapie et avant de prendre part à ses séances biquotidiennes d’entrainement, que l’athlète de l’équipe de France se remémore : « Je suis arrivé à la lutte par une histoire assez folle. J’étais âgé de 8 ans et comme tous les enfants je jouais au foot avec mes copains. C’était au quartier Behrenberg. À un moment, les grands sont arrivés et c’était à eux de jouer. Ils nous ont alors viré. À l’époque, j’étais un peu bagarreur et j’aimais bien la confrontation. J’ai pris leur balle et je l’ai dégagée. Vous devinez la suite. Les gars m’ont couru après, et je suis allé me réfugier dans un gymnase. C’était soit la porte de droite, soit celle de gauche, j’ai opté pour la dernière et il y avait un cours de lutte. Je me suis assis à côté d’une maman qui accompagnait son fils. Au bout de deux minutes, l’entraineur me demande qui je suis et me propose d’essayer. » Cet homme est Henri Mandel : « Un mec à l’ancienne, de l’école allemande, très strict. » Apeuré, le jeune freymingeois vit une « véritable révélation en montant sur le tapis. » L’enfant hyperactif qu’il est met un coup de poing à un opposant lors de petits combats. L’encadrant le prend à part et lui explique une règle d’or dont il se souvient encore aujourd’hui : « Dans ce sport, il ne faut jamais faire mal. »
L’émotion est encore palpable dans la voix de l’homme bientôt trentenaire à l’évocation de ce souvenir fondateur d’une carrière de champion qui s’est accomplie par étapes. Après la fermeture de son club de Freyming-Merlebach, Saifedine Alekma rejoint les rangs du club de lutte le plus prestigieux et titré de France : Sarreguemines. C’est là qu’il est façonné par Eric Cirk et se révèle. En 2011, alors qu’il est âgé de 17 ans, il glane sa première médaille au championnat de France. Le fruit du travail et de la détermination pour ce jeune homme guidé par un modèle nommé Zinédine Zidane et qui ne lâche rien malgré les galères de transport entre son quartier et la salle où il apprend sur le plan technique à vitesse grand V.
Ses rapides progrès lui ouvrent alors les portes du Pôle France de la lutte basée à Clermont-Ferrand (Auvergne) qui réunit les trente meilleurs jeunes lutteurs de France : « C’est là où je me suis construit des bases solides pour le sport de haut niveau à savoir les entrainements deux fois par jour mais aussi l’école. » Depuis, il a obtenu une licence de management du sport et a décroché un diplôme d’Etat supérieur pour devenir entraineur de haut niveau lorsque sa carrière sera terminée. Le clap de fin ne résonnera pas tant que le graal ultime n’aura pas été cherché, à savoir la qualification pour les Jeux Olympiques de Paris l’été prochain.
Sacré clin d’œil offert par ce fameux coquin de destin, Saïfedine jouera sa qualification pour les prochaines olympiades face à Zelimkhan Khadjiev, le même rival qu’il avait affronté pour sa première breloque en 2011. En attendant de savoir si son ticket est oblitéré pour les joutes olympiques au sortir du championnat d’Europe organisé à Istanbul (Turquie) en mars prochain, le solide gaillard d’1m78 pour 79 kilos continue de s’entrainer deux fois par jour du lundi au samedi, à l’INSEP qu’il a intégré en 2016, sans négliger aucun détail : « C’est là que s’effectue la différence ! ».
Fiche Technique
Saifedine Alekma
Né le 19 octobre 1994 à Forbach
Taille : 1m78
Poids : 79 kilos
Club actuel : Sarreguemines (s’entraine à l’INSEP)
Palmarès :
Champion de France 2022
(catégorie des moins de 79 kgs)
Vice-Champion d’Europe 2021
(catégorie des moins de 79 kgs)