Au 62 rue Mazelle à Metz, Cha & Cha, Charlotte et Charles-Henry (de son vrai nom Paul Zehren) ont ouvert entre les deux confinements La Dame Jeanne / Bar à cuites & Burgers. Ça cartonne et ça le mérite.
Bar-resto presque indéfinissable. L’esprit Cha² chante une humeur vagabonde et chauffe un charme d’une chaumière new age. Une sorte de chaloupe des copains d’abord sans la mer, chatouillant le vieux quartier d’Outre-Seille. Cha² aborde ce nouveau challenge – on parlera plutôt d’aventure – après avoir bourlingué sur d’autres initiatives, dont la création et l’animation du tiers-lieu Château 404.
C’est au cœur de la crise du Covid que le duo s’installe rue Mazelle, après le coup de cœur sur la bâtisse : trois niveaux, dont un sous-sol possiblement, dans le futur, abri de café-concert. Ils n’en sont pas là. Les deux étages supérieurs (160 et 80 m²) suffisent à leur bonheur, une vitrine toute en lumière, un bar élancé, qu’un buffet de la gare ne renierait pas, une atmosphère de voyage, un climat amical (ici, « les clients ne sont pas rois, ils sont amis. Il y a une proximité avec eux, ce sont des potes, on pratique le tutoiement, on offre des verres de temps en temps, bon, pas de quoi rincer non plus tout le village »). Et la suite de l’essentiel ? Tables, chaises, mur de verres, cuisine, cuistot – pardon, cuistote – service aux petits oignons, tchatche et tutti quanti, le tout stylé moderne, sur une touche champêtre minimaliste et une grosse envie d’aimer les artistes (des expositions et concerts y sont parfois organisés). On y boit, on y mange, on y fait la fête. Pour les boissons, la chasse aux grandes marques est déclarée, on leur préfère le local. Whisky, gin, vin, cola sont lorrains. « Mais on ne fait pas que du local, on travaille globalement avec du non-industriel », sur des alcools, jus de fruits, eaux, infusions de plantes françaises bios, cocktails, punchs lorrains et autres réjouissances liquides, explique Charles-Henry. Côté solide, un même état d’esprit, un chouïa chauvin, charme les papilles (et les mamies aussi).
À l’heure où je fais irruption, sur les coups de 12h30, une moyenne d’âge en quadra déjeune au bar. Au bout de celui-ci, près d’un canard kitch en céramique véritable, Cha N°1 me montre la vidéo du dernier samedi soir : on reste sur le(la) quadra tendance trentenaire, doté(e) d’une pêche (bio, ça va de soi) et dansant la chenille entre les tables. Des soirées festives où l’on peut « éponger » et profiter de plats faits maison. Burger, bien sûr (pain de chez Dudot, sauce maison, frites maison, steak, tomme jeune, oignons frits, etc) et plus largement pâté lorrain, « quiche végé, tomates séchées, mozza, salade verte », lasagne… Une partie restaurant initiée un peu par hasard, « pour se protéger et faire de la vente à emporter pendant les confinements ». Le succès est aujourd’hui au rendez-vous ; l’embauche d’une salariée, Marie, l’atteste en cuisine. Paul Zehren, alias Cha N°1, la joue toutefois modeste : « Ça monte crescendo ». De l’avis des clients dans la place, « ça cartonne » et le lieu s’affiche désormais indispensable. Dans « un chouette quartier », délicieusement vieillot, chargé d’histoire, chatoyant à sa manière, la Dame Jeanne baigne en famille. Et pour les horaires de Madame, c’est comment ? « On est ouvert jusqu’à la fin du monde ». Monsieur est trop charitable.
La Dame Jeanne, 62 rue Mazelle à Metz
Horaires indiqués sur www.facebook.com/Ladamejeannemetz