Le très attendu nouveau film de David Cronenberg, faisant partie de la sélection officielle du festival de Cannes 2022, sort ce mois-ci en salle. Dans Les Crimes du futur, le gore et le malsain s’invitent dans, sur et autour du corps humain.
David Cronenberg n’avait pas réalisé un film fondé sur l’un de ses propres scénarios depuis eXistenZ, sorti en 1999. Et c’est dans la droite lignée de ce dernier que se situe Les Crimes du futur. Dans une volonté de retour aux sources, le réalisateur renoue avec l’un de ses thèmes de prédilection : la transformation du corps à l’heure des nouvelles technologies. Nous voici projetés dans un futur proche. L’humanité a tant évolué biologiquement qu’elle ne ressent plus physiquement la douleur. Le corps devient alors une simple enveloppe dont peuvent se passer les êtres humains. Ces derniers sont même capables de se métamorphoser. Ce corps en mutation devient un tout nouveau terrain de jeu pour certains artistes. Saul Tenser (Viggo Mortensen) est l’un d’entre eux : célèbre performer d’avant-garde, son art consiste à mettre en scène la métamorphose de ses organes en temps réel, lors de spectacles. Le public captivé est alors témoin de la mutation de sa chair et de ce qu’elle renferme. Organes mutilés, dissections sanguinolentes ou encore trous creusant aux tréfonds des entrailles, aucun morceau de son corps n’est épargné. Lors de ces représentations, il est accompagné de Caprice (jouée par Léa Seydoux), sa partenaire à la ville comme à la scène. Elle récupère les organes ayant subis une ablation, puis les tatoue pour les exposer. Leurs performances fait grand bruit et arrive jusqu’aux oreilles de Timlin (campée par Kristen Stewart). Cette inspectrice travaillant au Bureau du Registre National des Organes décide d’enquêter et de suivre de près les deux artistes. On apprend alors que ce qui ne devait être qu’une nouvelle forme d’art risque de servir une tout autre mission : celle de la prochaine phase de l’évolution humaine. À la lisière entre thriller et science-fiction, le tout saupoudré de « body-horror », Les Crimes du futur crée le malaise, l’inquiétude voire le dégoût, comme seul Cronenberg en a le secret.État.