Une relation particulière unit le groupe écossais Texas mené par Sharleen Spiteri et le public français. 33 ans après le début de l’idylle, la tournée du dixième album, reportée pour cause de pandémie, est enfin sur les rails.
Paradoxalement, c’est avec le titre I Don’t Want a Lover que la relation est née, l’année de la sortie du premier album Southside en 1989. De manière très prosaïque, on dira que ça ne rajeunit pas certains. À l’époque, on voyait dans le quatuor de Glasgow la tête de pont d’une scène écossaise aux influences tournées vers les Etats-Unis (le nom du groupe était inspiré du film de Wim Wenders, Paris, Texas). Une forme de retour aux sources puisant dans le blues-rock et la soul, à coups de riffs et de slide affutés, mais suffisamment édulcorée à la pop pour plaire au plus grand nombre. Et les années passant, sans que jamais le groupe ne disparaisse tout à fait des radars du succès, l’éventail des styles et des influences s’est élargi. Éloignant peut-être les plus puristes mais n’entamant jamais le capital sympathie du groupe.
Car l’attitude est restée, au delà d’un look plus casual et d’un physique que les années ne semblent pas avoir trop flétri, en particulier pour Sharleen Spiteri au charme aussi intact que son caractère…affirmé – autant que son accent écossais à couper au couteau avec ses consonnes rocailleuses (jouant sur les souvenirs d’interviews et de virées en sa compagnie entre 1989 et 1995). N’a-t-elle pas, lors de séances de dédicaces l’an passé, à la sortie du dernier album, jeté masque et plexiglas de protection pour être au contact des ses fans ? Une histoire de conviction et de fidélité peut-être, à l’image du groupe qui compte 3 des quatre membres originaux.
Un nouvel album donc, est à l’origine de la tournée. Un dixième album sans réelle surprise ni prise de risque, mais à l’état d’esprit globalement positif, dansant et joyeux, à même de participer à un semblant de retour à la vie normale comme pourrait en signifier son titre Hi. Jouant la continuité soft rock, entre son groove soul rétro et élégant, country authentique, guitare pop musclée et variations pop comme sur le single Mr Haze, hommage fort à la Motown avec sa ligne directrice empruntée au titre de Donna Summer de 1977 Love’s Unkind. Jusque dans la collaboration renouée plus de 20 ans après avec des membres du groupe de rap Wu-Tang Clan sur l’excellent Hi.
Tout du long, Spiteri y bouscule son penchant pour l’introversion en y chroniquant la lutte contre le sexisme, le Brexit ou les affres de la célébrité et des réseaux sociaux. Autant de signes de vitalité. On n’en demande pas plus.
Le 13 avril aux Arènes