Dans cette pépite comique encore trop méconnue, cinq élèves nord-irlandais vivent les affres de l’adolescence, durant les dernières années du conflit civil. Les Derry Girls nous ravissent avec leur accent chantant et leurs drôles de mésaventures.
Derry, à la fin des années 1990. Cela fait trois décennies que l’Irlande du Nord est le théâtre de violents affrontements opposant la communauté catholique, nationaliste, à celle des protestants, unionistes. Mais les « Troubles » touchent bientôt à leur fin. En attendant, quatre amies nord-irlandaises tentent de naviguer dans la période ingrate qu’est l’adolescence, les conflits en toile de fond. La présence militaire et les bombardements sporadiques font partie de leur quotidien et paraissent bien anodins à côté de leurs différentes péripéties. Erin Quinn, seize ans, vit avec sa cousine Orla dans une petite maison d’un quartier ouvrier. Aspirante poète, elle est passionnée, mais se montre également vaniteuse. Sa parente est, quant à elle, un être excentrique et extravagant. Elles vont au lycée catholique Our Lady Immaculate avec leurs amies Clare et Michelle, dont les personnalités antithétiques se complètent astucieusement. La première est une élève studieuse et anxieuse, dont la pudibonderie et le désir de se plier aux règles se heurtent à sa loyauté envers ses copines rebelles. La seconde est une fêtarde qui n’a pas la langue dans sa poche, et qui préfère sécher les cours à la recherche de ses homologues masculins. Le quatuor forme un groupe de jeunes personnes confiantes et sûres d’elles, à l’humour aiguisé. Mais elles s’attirent souvent des ennuis et les foudres de la directrice, Sister Georges Michael. Au début de la série, James, le cousin maternel de Michelle, débarque à Derry. Petit souci : le jeune homme est anglais et a grandi à Londres. Par mesure de sécurité, il a été décidé qu’il n’irait pas à l’école pour garçons ; il devient alors le premier élève masculin du lycée pour filles, de quoi occasionner quelques moqueries à son égard. L’espace de dix-neuf épisodes d’une trentaine de minutes (excepté le dernier qui dure une heure), la scénariste nord-irlandaise Lisa McGee nous offre un aperçu amusant et grinçant de ses jeunes années, son show étant en partie autobiographique. Elle plonge alors ses personnages dans des situations aussi drôles que délicates, nous offre des répliques désopilantes, sans oublier d’intégrer judicieusement l’arrière-plan historique complexe.