GRIP n’est pas seulement la nouvelle boule de Noël 2025 du CIAV de Meisenthal : c’est un petit objet qui raconte une grande histoire — celle du verre soufflé, de l’artisanat de la vallée des Vosges du Nord, et d’un designer qui revisite l’ordinaire pour en faire un geste. La prise en main sécurisée, l’effet antidérapant, la couleur, la série limitée, tout concourt à faire de ce millésime l’un des plus convoités. Pour les Messins et collectionneurs lorrains, c’est aussi une course à l’exemplaire, un moment de mobilisation festive. Pour Noël 2025, mieux vaut donc ne pas attendre.
À l’orée des fêtes, la petite boucle annuelle du verre se renouvelle une fois encore à Meisenthal. Le millésime 2025 de la mythique boule de Noël du CIAV – sous le nom évocateur de GRIP – se distingue par un parti-pris esthétique et fonctionnel : pensé par le jeune designer Lucas Lorigeon, l’objet interroge la prise en main, le geste d’accrocher, et l’éphémère fragilité de nos décorations de fin d’année.
Un parti-pris de design et de tactilité
L’inspiration ? Une scène que beaucoup connaissent : cette boule qui glisse des doigts, ce petit instant d’angoisse avant le « crac ». Le designer l’a voulu visible et incarné : la surface de GRIP est couverte de motifs antidérapants — stries, croisillons, reliefs ergonomiques — rappelant les revêtements que l’on trouve plutôt sur un guidon de vélo ou le manche d’un outil. Mais ici, c’est en verre soufflé que se traduit ce motif : fusion entre tradition verrière et sensoriel.
Le slogan retenu, « Mieux vaut prévenir que guérir », prend tout son sens : il ne s’agit plus seulement d’un ornement fragile, mais d’un hommage à l’attention portée au geste et à l’objet.
Une fabrication et une tradition toujours vivantes

Depuis 1999, le CIAV réédite chaque année une nouvelle boule, en édition limitée, avec un designer invité et les souffleurs installés sur le site mosellan. Cette tradition remonte, plus largement, à la vallée des Vosges du Nord : à l’origine, un verrier, privé de pommes de pin décoratives par une sécheresse en 1858, aurait eu l’idée de souffler des sphères en verre pour le sapin.
Pour GRIP, la fabrication s’appuie toujours sur ce savant mélange : modélisation, moule, soufflage, finition artisanale. Le schéma est identique aux éditions précédentes mais le motif et le discours changent.
Les caractéristiques de l’édition 2025
• Le diamètre est de 85 mm (Ø 85 mm).
• Les coloris sont variés, avec un tarif « classique » et un tarif majoré pour la version rouge ou rouge sablée : GRIP est mentionnée à un prix de 28 € ou « à partir de 28 € » selon le point de vente.
• Le designer explique que le motif antidérapant n’annule pas la fragilité du verre : « elle n’est pas incassable », prévient-il.
• La production annoncée se situe entre 90 000 et 95 000 exemplaires.
• Le millésime précédent, sous le nom KAKTUS, avait déjà été marqué par une forte demande.
Où et comment se la procurer ?
Le circuit de vente de la boule GRIP est démultiplié mais sélectif — important de s’informer et d’agir vite si l’on souhaite ne pas rester sur la liste d’attente.
• Sur place à Meisenthal : Le site du CIAV propose la vente directe (et parfois en click & collect) depuis le 13 novembre.
• À Metz : La ville figure parmi les rares lieux hors Meisenthal à proposer la vente. Les ventes débutent le 28 novembre au sein de l’Office de tourisme de Metz ou via réservation téléphonique (03 87 39 00 00) pour obtenir un créneau de retrait. Le stock messin est limité (environ 200 exemplaires annoncés). Il faut réserver à partir du 25 novembre à 9h. En parallèle, des ventes auront lieu les samedis 22 , 29 novembre et 6 décembre à 11 h au chalet Qualité MOSL place de la République à Metz — trois exemplaires maximum par client, dont une seule couleur rouge.
Attention, Strasbourg, Sélestat. Nancy et Sarreguemines ne proposeront pas la boule cette année.
• Il convient d’arriver tôt et bien préparé : chaque année, la demande excède l’offre et les files d’attente sont fortes. À Metz, pour la couleur de son choix, l’anticipation est recommandée.
Pourquoi un tel engouement ?
L’édition annuelle de la boule de Meisenthal est devenue plus qu’un simple objet décoratif : elle incarne un territoire, un savoir-faire et une idée de Noël. Elle est devenue un rituel de collection dans de nombreuses familles, particulièrement en Moselle.
La montée en production (de 40 000 exemplaires pour Kaktus à près de 90 000 pour GRIP) témoigne d’une reconnaissance accrue et d’un marché élargi.
Mais au-delà du chiffre, c’est la dimension symbolique qui séduit : ce « geste de décoration » devient aussi un acte de transmission, un soutien au patrimoine verrier local et une pièce de design contemporaine.
La fabuleuse histoire

Au cœur des Vosges du Nord, la trajectoire de Meisenthal n’a rien d’ordinaire. Ce village discret s’est imposé au fil du temps comme l’un des repères majeurs du verre soufflé, grâce à une tradition qui trouve son origine dans la verrerie voisine de Goetzenbruck. Là, une industrie née au XVIIIᵉ siècle s’est d’abord consacrée aux objets du quotidien avant de se spécialiser dans les verres bombés destinés aux instruments de mesure. Cette orientation singulière a entraîné un essor spectaculaire, jusqu’à hisser l’usine au rang d’acteur international.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premières pièces argentées, façonnées avec une grande précision. Leur usage dépasse très vite le cadre strict de l’artisanat utilitaire et finit par s’ancrer dans les pratiques décoratives du Pays de Bitche. À partir des années 1920, la production gagne en ampleur, portée par une diversification des formes et des couleurs. L’activité atteint des sommets avant d’être frappée de plein fouet par la concurrence des matériaux synthétiques, provoquant l’arrêt progressif des fours et l’effacement d’un savoir-faire ancien.
À Meisenthal, la fermeture de la verrerie en 1969 aurait pu sceller le même destin. Pourtant, une dynamique inattendue s’installe. La création d’un musée, puis la relance d’un premier four dans les années 1990, donnent un nouveau souffle à l’ensemble du site. La collaboration entre artistes, verriers et écoles d’art transforme progressivement la friche industrielle en lieu d’expérimentation.
Un moment décisif survient en 1995, lorsque d’anciens ouvriers de Goetzenbruck initient les jeunes équipes au façonnage des boules argentées. Ce geste réapparaît dans les ateliers après des décennies d’interruption, entraînant la création des premières séries contemporaines. En quelques saisons, l’objet gagne un public fidèle, et les ventes deviennent un rendez-vous très attendu.
Aujourd’hui, les boules produites à Meisenthal circulent bien au-delà de leur territoire d’origine. Leur esthétique, nourrie par le dialogue constant entre techniques historiques et design contemporain, contribue à leur succès. Chaque modèle porte l’empreinte d’un atelier où l’expérimentation et la maîtrise artisanale coexistent. La fréquentation croissante des sites de vente et l’engouement observé dès l’ouverture de la saison témoignent d’un attachement durable.
Dans ce coin des Vosges du Nord, les verriers perpétuent une tradition qui avait failli disparaître. Les pièces qui sortent chaque jour des ateliers ne sont pas seulement des objets décoratifs : elles prolongent une histoire industrielle, un geste transmis et une identité locale forte. Leur parcours, entre effacement et renouveau, illustre la capacité d’un territoire à réinventer son héritage tout en le projetant vers l’avenir.








