Crooner poète de l’épure suave, orfèvre infidèle de la guitare, dandy dilettante, Bertrand Belin vient trimballer sur scène ses multiples facettes pour défendre son septième album sorti au printemps Tambour Vision. Avec notre Romain Muller local pour chauffer la salle.
Il a tour à tour été taxé de Johnny Cash ou de Nick Cave français. On a régulièrement fait planer sur lui l’ombre tutélaire de Bashung – pour la gravité, celle du timbre vocal comme celle de ses fulgurances ciselées dans le granit qui agglomère ses observations d’une société âpre et brinquebalante où s’empêtrent les individus. Autant de comparaisons aussi réductrices que le poids de l’honneur sied mal au flegme d’une personnalité à l’esprit plus alerte que rugueux et au corps faussement nonchalant, virevoltant entre un Gene Kelly sous la pluie et les pas d’un boxeur désinvolte qui n’aurait pas été sonné de la dernière.
À l’image de la trajectoire de ce breton fils de pêcheur, irrégulière et droite à la fois, musicien ayant servi les autres avant de se réserver ses talents, bouillonnant depuis 20 ans dans une limpide et exigeante frugalité entre chansons, romans et rôles au théâtre ou au cinéma.
C’est là que Tambour Vision sème le trouble tout en jouant de familiarité. Textes contemplatifs taillés à l’os, art de la répétition, l’ironie, variations musicales que seules de multiples écoutes révèlent : tout l’univers de Belin est présent. Mais dans un dépouillement où les sonorités synthétiques prennent le pas sur les arrangements acoustiques, les claviers et boîtes à rythme sur la guitare, soufflée par des vents cuivrés, pour mieux creuser jusqu’à la substantifique moelle d’un style. Et esquisser une ligne de fuite comme libérée de toute coquetterie. Jusqu’au vertige, sur un fil tendu entre réel et onirisme, où viennent sécher des phrases en suspend.
De quoi surprendre à l’épreuve de la scène.
Sur laquelle Romain Muller aura ouvert le ban, pour y suspendre les mélodies electro-pop d’Accroche-cœur, plus légères encore depuis que l’une d’elles a été semée sur la bande son de la série Emily in Paris.
Le 2 mars à la BAM