Le tribunal administratif de Strasbourg a annulé le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de l’Eurométropole de Metz, estimant qu’il méconnaissait les principes d’équilibre entre développement urbain, protection de l’environnement et information du public. Si François Grosdidier dénonce une décision « absurde » aux effets contre-productifs, l’opposition écologiste et citoyenne crie victoire. En toile de fond, un territoire désormais privé de son outil principal de planification et un retour immédiat aux anciens documents communaux.
Hier matin, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de l’Eurométropole de Metz. Un jugement majeur, qui remet en cause l’outil de planification territoriale pour 45 communes et près de 235 000 habitants. Les juges ont pointé un déséquilibre entre développement économique, préservation des espaces naturels et information du public. Ce document de plusieurs milliers de pages, fruit de longues années de concertation, fixait les règles d’urbanisation à long terme : logements, infrastructures, zones agricoles, trames vertes et bleues.
François Grosdidier : « Une situation totalement absurde »
Dans un communiqué sans appel, François Grosdidier, président de l’Eurométropole de Metz, dénonce cette décision. Il rappelle que seuls 1,64 % du territoire – les zones AU à urbaniser – faisaient l’objet des recours, mais que l’ensemble du PLUi est frappé d’annulation. Il regrette la disparition de protections écologiques importantes : près de 110 hectares d’îloos de fraîcheur redeviennent constructibles avec le retour aux anciens PLU communaux. Il cite également la perte de dispositifs contraignants en matière de végétalisation, d’énergie solaire ou de gestion des eaux. Des projets précédemment bloqués, comme le parking de Saint-Symphorien ou l’urbanisation autour de La Cascade à Saint-Julien-lès-Metz, deviennent de nouveau possibles, dès lors qu’ils sont prévus par les documents communaux antérieurs.
L’opposition exulte : « Un urbanisme dépassé mis en échec »
Le groupe Unis pour Metz salue une « victoire judiciaire historique », fruit d’une mobilisation citoyenne constante. Les élus EELV de Metz et du Pays messin voient dans cette annulation la fin d’un projet qu’ils jugent « bétonneur » et en rupture avec les exigences environnementales. Le collectif Sauvons la forêt de Mercy, à l’origine du recours, dénonce depuis 2021 un plan d’urbanisme à courte vue. Il promet de poursuivre le combat et d’organiser dès l’automne des assises pour définir un PLUi alternatif, plus participatif et durable.
Une fracture politique renforcée
Pour François Grosdidier, ces opposants commettent une erreur historique. Il les accuse d’avoir fragilisé la planification à long terme et d’ouvrir la voie à la désarticulation du territoire. Il parle d’« extrémistes environnementaux » devenus « les alliés objectifs des climatosceptiques », en contribuant à l’affaiblissement des protections environnementales. La tension est palpable au sein du conseil métropolitain. Plusieurs communes s’étaient opposées au PLUi dès 2024, et le clivage politique semble s’accentuer. D’un côté, ceux qui dénoncent une perte d’outil ; de l’autre, ceux qui voient dans cette annulation une opportunité de repartir sur de meilleures bases.
Le PLUi caduc : retour aux anciens règlements
Sur le plan juridique, la conséquence est immédiate : le PLUi n’a plus aucune valeur depuis le 24 juillet 2025. En l’absence de sursis à exécution, les anciens documents d’urbanisme redeviennent la référence, provoquant une véritable rupture de continuité dans l’instruction des permis. Les services d’urbanisme doivent réadapter leurs grilles de lecture, parfois à des règles désuètes. Des décisions pourraient être contestées si elles s’appuyaient encore sur le PLUi aujourd’hui caduc.
Permis de construire : ce qui change
Les autorisations de construire délivrées avant le 24 juillet et non contestées restent valides. En revanche, celles qui sont encore susceptibles de recours peuvent être remises en cause par des tiers. Toutes les demandes déposées depuis le jugement doivent être réévaluées selon les PLU communaux antérieurs. Ce retour en arrière suscite l’inquiétude chez de nombreux maires et porteurs de projets, confrontés à un paysage réglementaire instable.
Vers un appel en justice
L’Eurométropole dispose de deux mois pour faire appel devant la cour administrative d’appel de Nancy. Ce recours n’est pas suspensif, sauf si un sursis à exécution est explicitement accordé. En attendant, l’Eurométropole doit fonctionner sans son document central de planification. Une période d’incertitude s’ouvre, marquée par des tensions politiques, des risques juridiques et un besoin urgent de clarification stratégique.