Avec cette superbe BD : Je suis toujours vivant, l’auteur du fameux Gomorra, Roberto Saviano, raconte son quotidien depuis 15 ans, depuis que la mafia lui a promis la mort.
Un mot sur les auteurs pour commencer. En 2006, Roberto Saviano a publié une enquête sur la mafia napolitaine, un livre intitulé Gomorra, dans l’empire de la camorra (qui a depuis fait l’objet d’une série télévisée). Depuis lors, il est menacé de mort. Depuis plus de 15 ans, l’auteur italien vit sous protection policière. Il est « condamné » à vivre reclus, loin de chez lui, à changer régulièrement d’adresse. Asaf Hanuka est un (célèbre) auteur israélien. Il a, entre autres, été récompensé en 2016, du Eisner de la meilleure BD étrangère, l’équivalent d’un Oscar en BD, pour KO à Tel Aviv. Ce livre racontait le quotidien d’un Israélien dans un pays constamment en guerre. Roberto Saviano est prisonnier de ses mouvements mais reste libre de sa parole. Et il ne se taira pas. Avec Je suis toujours vivant, il raconte cette vie en sursis, en parenthèses, entre la vie et la mort. Il évoque son quotidien, ses émotions et ses ressentis, ses blessures. Mais aussi sa famille, ses ennemis et son enfance. Une scène notamment alors qu’il est enfant qu’il assiste au meurtre par balle d’un homme qui s’était réfugié sous une voiture pour tenter d’échapper à mort. Roberto Saviano qui vit avec elle, imagine également les différents scénarios qui pourraient mener à son assassinat, de la voiture piégée à la pizza empoisonnée. Toute cette « substance », Asaf Hanuka lui donne du corps. Le trait est juste. Il sait mettre des couleurs sur les émotions et l’énergie pour nous donner à voir ce que les mots ne font qu’effleurer. C’est Roberto Saviano qui a choisi de faire appel à Asaf Hanuka pour cette BD qui n’est pas sans faire penser aux planches « photos » d’un photojournaliste, à un journal intime ou bien encore à une sorte de carnet de voyage. Peu importe, il faut le lire et le voir.