Avec Papa, j’ai grandi à l’école, paru aux Éditions Paroles de Lorrains, Danielle Zitella signe un ouvrage très personnel. Un beau livre d’amour, tendre et sincère, avec des ombres et de très belles lumières. Rencontre. Comment l’idée de ce livre a-t-elle germé ?
Depuis longtemps remuait en moi, sans que j’en ai forcément une pleine conscience, l’envie de raconter mon histoire, celle d’une petite fille née dans le Pays-Haut. Ce qui a finalement fini par me mener vers l’acte d’écriture est ce morceau musical, intitulé Fifette, qu’Alain Delhotal a créé pour moi en 2016, et qui figure en QR Code dans mon livre. Fifette narre mon acte de naissance, celui d’une enfant qui entend son papa, ouvrier italien, avouer à sa femme, ma maman, qu’il ne pourra accepter la promotion qu’on lui propose à l’usine parce qu’il sait à peine lire et écrire. Mon combat contre ce qui me semblait être une injustice a débuté ce soir-là ! Les Éditions Paroles de Lorrains m’ont donné l’opportunité de coucher sur papier les mots qui prêtent vie à mes souvenirs d’adolescente, à mon vécu personnel, à mes émotions, à mes combats intérieurs et aux valeurs que l’on m’a léguées et que je veux défendre. Mon papa est toujours vivant. Il a 89 ans. Il a pleuré en lisant ce livre.
Quand et comment avez-vous écrit ces « fragments » ?
J’ai d’abord écrit au fil de l’eau toutes les pensées qui me venaient à l’esprit et qui me reliaient à mon enfance en Moselle, dans la vallée de la Fensch, là où mon identité s’est construite. Je n’ai mis de l’ordre dans ce flux d’idées qu’ensuite en les classant de manière thématique pour que chacun puisse aller y piocher selon son goût et ses envies du moment. À ma grande joie, Édouard Martin a accepté de préfacer cet ouvrage. Pour moi, cet homme est un symbole fort d’une époque de luttes pour nos valeurs. Les marcheurs de Florange, ça fait dix ans cette année ! Cela a un sens pour moi !
Si je vous dis que Papa, j’ai grandi à l’école est un livre d’amour (de la vie). Cela vous convient ?
Oui ! C’est l’ouvrage d’une Amoureuse des mots, des livres et…de la Lorraine. Ce sont des réflexions d’une gourmande de la vie qui doute toujours et se demande si elle connait le bonheur. C’est l’histoire d’une petite fille devenue femme, au tempérament passionné souvent à fleur de peau, curieuse de tout et insatiable. C’est la lumière de l’Italie.
Vous consacrez quelques pages à votre métier de professeur de lettres. Un métier qui vous passionne. Qu’est-ce qui fait que cet amour, dure…
Le métier de professeur de lettres, je l’ai épousé par conviction. J’avais une revanche à prendre. Petite fille, je voulais « venger » mon papa : je souhaitais que l’injustice qu’il avait vécue n’arrive plus jamais à personne ! Mon objectif était d’apprendre aux autres à lire et à écrire, tout simplement. Et c’est toujours mon combat ! Cet amour dure, car nous avons une jeunesse formidable qui se bat pour s’en sortir et que nous devons porter. Beaucoup de mes élèves sont très méritants, car ils vivent dans un milieu familial parfois dur et déstructuré, et ils sont à un âge où ils attendent de lire de la considération et de l’espoir dans le regard des adultes. C’est ce que je m’efforce de leur apporter !
Vous avez intitulé le feuillet IX Infidélités et pas Désirs, Sensualité voire Ivresse ou Amour. Pourquoi ?
Je crois l’avoir intitulé ainsi sans doute par provocation, car le propos y est très léger pour ne pas dire érotique. Il tranche singulièrement avec le reste du livre. C’est ma part de folie, d’envies. Je ne suis pas infidèle, ni à moi, ni à personne. Enfin, je crois… Mais peut-être aurais-je aimé l’être, la vie eût été moins douloureuse, moins compliquée en questionnements finalement bien vains sur l’espèce humaine…
Editions Paroles de Lorrains
À Metz, le livre de Danielle Zitella est disponible à la Librairie Autour du Monde, 44, rue de la Chèvre. L’auteur participera également au Livre sur la Place (du 9 au 11 septembre, à Nancy).