Depuis le 1er septembre 2025, le dispositif de retraite progressive connaît une évolution notable pour les salariés du secteur privé. Pensé comme un sas de transition entre vie active et retraite définitive, il offre la possibilité de réduire son temps de travail tout en percevant une fraction de sa pension. Un aménagement qui séduit de plus en plus de Français désireux d’aborder la fin de carrière de manière plus souple, sans rompre brutalement avec l’activité professionnelle.
La retraite progressive repose sur une idée simple : associer activité partielle et perception d’une pension. Concrètement, le salarié qui y a recours diminue son temps de travail, mais commence à toucher une partie de sa retraite de base et de sa retraite complémentaire. Cette formule permet de sécuriser ses revenus tout en libérant du temps.
Pendant cette période, l’assuré continue de cotiser. Il a même la possibilité d’opter pour la surcotisation, c’est-à-dire cotiser comme s’il était toujours à temps plein. Cette stratégie permet d’améliorer le montant de la pension définitive. Lors du passage à la retraite totale, la pension est recalculée pour intégrer les trimestres et cotisations versés durant cette phase intermédiaire.
Trois conditions incontournables
Pour pouvoir en bénéficier, trois conditions doivent être réunies. La première concerne l’âge : il faut désormais avoir atteint au moins 60 ans, seuil abaissé dans le cadre de la réforme entrée en vigueur en septembre 2025. La deuxième condition est liée à la durée d’assurance, fixée à un minimum de 150 trimestres, tous régimes de base confondus. Enfin, la troisième condition porte sur l’activité : le salarié doit exercer son emploi à temps partiel ou à temps réduit, avec une quotité comprise entre 40 % et 80 % de la durée légale ou conventionnelle.
Précision importante : un salarié déjà à temps partiel avant d’avoir atteint l’âge requis ou avant d’avoir validé le nombre de trimestres nécessaire peut malgré tout entrer dans le dispositif, dès lors qu’il remplit ultérieurement ces deux conditions.
Des activités exclues
Il existe toutefois des limites. Certaines professions ne permettent pas l’accès à la retraite progressive lorsqu’elles sont exercées à titre exclusif. C’est le cas, par exemple, des fonctions d’administrateur de groupements mutualistes ou de la vente de biens confectionnés par le travailleur lui-même. Ces exclusions visent à éviter des situations particulières où l’évaluation du temps de travail et des revenus ne serait pas compatible avec l’esprit du dispositif.
Une demande encadrée
L’entrée dans la retraite progressive suppose une démarche administrative précise. Le salarié doit constituer un dossier et fournir notamment une attestation de son employeur confirmant sa situation à temps partiel. Cette pièce est essentielle : sans elle, la demande ne peut pas être instruite.
La requête doit être déposée plusieurs mois avant la date envisagée, avec un délai maximal de cinq mois d’anticipation. Le salarié peut transmettre immédiatement le formulaire et ses justificatifs ou, s’il préfère, les enregistrer temporairement et finaliser son dossier ultérieurement. Un récépissé est ensuite délivré pour attester de la bonne réception du dossier.
Les assurés qui disposent d’un accès internet peuvent effectuer la totalité de leur demande en ligne. Ceux qui ne sont pas connectés ont toujours la possibilité d’utiliser un formulaire papier et de l’envoyer directement à leur caisse de retraite. Dans tous les cas, la demande est unique et vaut pour l’ensemble des régimes auxquels le salarié a cotisé. Cela permet d’éviter la multiplication des démarches auprès de chaque organisme.
Comment est calculée la pension provisoire ?
Le passage en retraite progressive entraîne le calcul d’une pension provisoire par l’Assurance retraite. Celle-ci repose sur les droits acquis à la date de la demande. Le salarié perçoit alors une fraction de cette pension, en complément de son salaire à temps partiel.
La règle de calcul est simple : la fraction de retraite versée correspond à la différence entre 100 % et la quotité de travail. Ainsi, un salarié qui travaille à 60 % reçoit 40 % de sa pension provisoire. À 50 % d’activité, il perçoit 50 % de retraite. Ce mécanisme s’applique également aux régimes complémentaires, garantissant une cohérence sur l’ensemble des droits accumulés.
Pendant toute la durée de la retraite progressive, les caisses de retraite tiennent à jour les informations relatives au bénéficiaire : date de mise en œuvre, taux appliqué, éventuelles modifications, suspension ou suppression du versement, et enfin date du passage à la retraite définitive. Cette traçabilité est essentielle pour assurer le recalcul final de la pension.
Une transition en douceur
La retraite progressive se distingue des autres dispositifs de fin de carrière en offrant un équilibre entre maintien d’activité et ouverture des droits. Elle s’adresse particulièrement aux salariés qui souhaitent lever le pied sans cesser immédiatement toute activité.
Pour les entreprises, c’est aussi un outil d’adaptation : il permet de gérer les fins de carrière avec plus de souplesse, en favorisant par exemple le transfert de compétences des seniors vers les plus jeunes. Pour les salariés, c’est une solution qui combine sécurité financière et qualité de vie améliorée.
Une fois la retraite définitive atteinte, le montant de la pension est recalculé en intégrant la totalité des trimestres et cotisations validés durant cette période. Le passage est ainsi progressif, limitant l’effet de rupture souvent redouté lors du départ brutal de la vie active.
Une option appelée à se développer
La réforme entrée en vigueur au 1er septembre 2025 abaisse l’âge minimal et clarifie les conditions d’accès. Elle s’inscrit dans une volonté plus large d’accompagner les parcours professionnels jusqu’à la retraite, en tenant compte de la diversité des situations individuelles.
Pour de nombreux salariés, ce dispositif représente une opportunité : celle de rester actif, de maintenir un lien social et professionnel, tout en commençant à profiter des droits acquis au fil de la carrière. Une étape intermédiaire qui, à mesure que la longévité augmente et que les rythmes de vie évoluent, pourrait bien devenir une norme dans les prochaines années.
Demande de retraite progressive – Assurance retraite.
Formulaire destiné aux assurés souhaitant demander la retraite progressive pour toutes leurs activités relevant de l’Assurance retraite : emploi salarié, activité artisanale, commerciale, libérale non réglementée, contrat de la fonction publique ou activité d’artiste-auteur. Lien : https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/demande-retraite-progressive.pdf
Attestation d’employeur pour la retraite progressive
(Formulaire 13362*02) Cerfa 13362*02 (S5205b). Document destiné à l’employeur pour déclarer le temps partiel d’un salarié souhaitant bénéficier de la retraite progressive auprès du régime général. À remettre au salarié demandeur. Lien : https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/attest-retraite-progressive.pdf
Et pour les professions libérales ?
Depuis le 1er janvier 2024, la retraite progressive est accessible aux professions libérales. Le dispositif, auparavant réservé aux salariés, artisans et commerçants, a été élargi pour leur permettre d’aménager leur fin de carrière. À compter du 1er septembre 2025, l’âge minimum pour en bénéficier est fixé à 60 ans.
L’accès reste conditionné à la validation d’au moins 150 trimestres d’assurance, tous régimes confondus. Si pour les salariés, la retraite progressive s’appuie sur une activité exercée à temps partiel, comprise entre 40 % et 80 % d’un temps plein, pour les travailleurs indépendants et les professions libérales, elle repose sur la diminution des revenus professionnels, appréciée en comparaison avec la moyenne des cinq années précédentes.
Le montant de la pension partielle est calculé proportionnellement à cette réduction d’activité ou de revenus. Le dispositif ne peut être sollicité que si l’assuré exerce exclusivement une activité libérale, artisanale ou commerciale. Certaines caisses de retraite complémentaires précisent toutefois qu’elles n’intègrent pas encore la retraite progressive dans leurs versements.









