Réunis en séance plénière le 13 novembre, les élus du Grand Est ont arrêté plusieurs décisions qui pèseront sur l’année 2026 : trajectoire budgétaire maintenue, investissements renforcés dans les mobilités, feuille de route renouvelée pour l’enseignement supérieur et nouveaux projets d’habitat pour seniors. Entre contraintes financières persistantes et volonté d’agir, la Région trace un cap qui cherche à concilier prudence et transformation.
Lors de la séance plénière du 13 novembre, les élus du Grand Est ont confirmé une trajectoire budgétaire qui mise avant tout sur la stabilité. Malgré un contexte national tendu, la Région choisit de préserver ses marges de manœuvre en maintenant un endettement limité à environ sept années et en contenant les dépenses de fonctionnement à l’inflation. Cette discipline financière doit permettre de poursuivre les investissements structurants, notamment dans les lycées, la formation et l’aménagement des territoires.
Ainsi, plus d’un milliard d’euros seront consacrés en 2026 à l’éducation et à la formation professionnelle. Concrètement, cela se traduira par la poursuite des rénovations thermiques engagées dans plusieurs établissements lorrains, par le déploiement de réseaux de chaleur dans des lycées ruraux, par un rattrapage numérique dans les sites encore sous-équipés et par la sécurisation renforcée de bâtiments vieillissants. Autant de chantiers qui visent à moderniser des équipements essentiels dans un territoire vaste et contrasté.
Des mobilités en pleine transformation

Dans le domaine des transports, les décisions votées confirment une phase de transformation profonde. D’abord, la Région a validé l’achat de 16 rames Régiolis bimodes fabriquées à Reichshoffen. Ces trains, plus capacitaires et plus accessibles, renforceront progressivement l’axe Saverne–Strasbourg–Sélestat, où la fréquentation continue de croître. Ils offriront un meilleur confort acoustique, une information voyageurs modernisée et un plancher bas intégral adapté aux mobilités réduites. D’autre part, la collectivité compte bien franchir une étape supplémentaire en reprenant progressivement la gestion des lignes de desserte fine du territoire, soit 840 kilomètres de voies souvent dégradées par des décennies de sous-investissement. La SPL Grand Est Infrastructures devient l’outil opérationnel de cette nouvelle gouvernance. Grâce à elle, la Région engagera 1,145 milliard d’euros d’ici 2036 pour régénérer les voies, moderniser les ateliers et sécuriser des tronçons parmi les plus fragiles, comme Bar-le-Duc–Verdun, Sarreguemines–Sarre-Union ou Neufchâteau–Épinal. À terme, cette stratégie doit permettre d’améliorer la fiabilité du réseau et d’assurer une meilleure cohésion entre les territoires.
Des ajustements techniques pour l’exercice 2025
La décision modificative adoptée le 13 novembre revoit l’équilibre du budget 2025 pour un montant total de 481 millions d’euros. La majeure partie concerne les mobilités, en particulier les régularisations comptables liées à la SPL Grand Est Mobilités, qui intègrent la mise à jour du droit d’entrée et des flux financiers nécessaires au pilotage du réseau ferroviaire régional. Cependant, plusieurs ajustements ciblés complètent cette révision. D’abord, 4,7 millions d’euros supplémentaires sont alloués aux lycées pour finaliser des chantiers déjà engagés : travaux de rénovation énergétique, optimisation des chaufferies et modernisation des réseaux de chaleur dans des établissements identifiés comme prioritaires. Ensuite, l’Université de Reims bénéficie de régularisations immobilières liées à la mise en conformité et à la progression des opérations en cours sur plusieurs sites.
Par ailleurs, la Région renforce ses dispositifs d’appui à l’économie locale. Les crédits dédiés à la création d’entreprise sont augmentés pour répondre à une demande croissante de porteurs de projets, notamment via les dispositifs de type chèque CREA. Une nouvelle enveloppe est également destinée à la filière audiovisuelle, afin d’accompagner la post-production et l’accueil de tournages dans le Grand Est.
Enfin, près de 10 millions d’euros sont inscrits pour la cybersécurité et les outils numériques internes : modernisation du Centre opérationnel de sécurité informatique, mise à niveau des systèmes de gestion des aides et préparation des marchés pluriannuels d’assurance. Autant d’éléments qui visent à sécuriser le fonctionnement administratif d’une collectivité de cette taille et à anticiper les besoins technologiques des prochaines années.
Enseignement supérieur et innovation : un cadre renouvelé
Par ailleurs, la séance plénière a également validé la feuille de route 2025–2030 consacrée à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation. Issue d’une large concertation rassemblant plus de 1 000 acteurs, elle fixe neuf priorités en lien direct avec les transitions industrielle, écologique et sociale que traverse le Grand Est. Dans ce cadre, la Région renforce ses outils d’appui à l’innovation : élargissement des dispositifs pour les PME qui engagent une première démarche de R&D, soutien accru aux start-ups deeptech et accompagnement renforcé des transferts technologiques entre laboratoires et entreprises. L’objectif est d’aider les acteurs économiques à franchir les étapes critiques du prototypage, de la preuve de concept ou de l’industrialisation. Cette stratégie s’appuie aussi sur des partenariats universitaires consolidés. Dès 2026, deux chercheuses internationales de haut niveau seront accueillies à Nancy et Strasbourg pour renforcer les équipes locales. Parallèlement, plusieurs projets structurants continueront de jouer un rôle moteur : Clinnova dans la médecine de précision, ENACT dans l’intelligence artificielle et MaQuest dans le quantique et le calcul haute performance. Ensemble, ces initiatives contribuent à positionner le Grand Est comme un territoire capable de former, d’attirer et de retenir des talents scientifiques dans la durée.
Des signaux tangibles dans la transition écologique
Les élus ont également examiné le bilan 2025 de la politique de transition écologique. Les indicateurs montrent des avancées concrètes : une baisse de 26 % de la consommation énergétique dans les bâtiments régionaux, 7 200 hectares de friches reconvertis, 315 kilomètres de haies restaurées, plus de 3 200 bornes de recharge installées et un parc de cars interurbains désormais composé à 97 % de véhicules à faibles émissions.
Parallèlement, le programme Life Adapt’Est — doté de 26 millions d’euros — permettra dès 2026 d’accompagner 60 communes vosgiennes particulièrement exposées aux fortes chaleurs, de lancer la rénovation de 30 bâtiments pilotes intégrant les risques climatiques et de déployer des aménagements d’hydraulique douce sur plusieurs bassins versants agricoles. Autrement dit, la planification écologique entre dans une phase d’application concrète, visible et territorialisée.
Des béguinages pour répondre au vieillissement
Enfin, la séance s’est conclue par un volet social important : la création de cinq nouveaux béguinages en Moselle, Meuse, Marne, Vosges et Bas-Rhin. Ces projets s’inscrivent dans une tendance de fond qui vise à proposer des alternatives à l’Ehpad, notamment dans les territoires ruraux. Inspiré de l’esprit des anciennes communautés de béguines, le béguinage contemporain correspond à un petit ensemble de logements adaptés pour des seniors autonomes. Conçu autour d’espaces partagés et d’un accompagnement social léger, il permet de préserver l’indépendance tout en évitant l’isolement, particulièrement dans les communes où les services de proximité se raréfient.
Les cinq sites retenus illustrent cette approche. À Suippes, la dimension intergénérationnelle occupe une place centrale. À Avrainville, l’ancienne Maison Braux est transformée en habitat partagé. À Montmirail, un bâtiment situé en cœur de bourg retrouve une utilité sociale. À L’Isle-en-Rigault, l’ancienne papeterie Jeand’Heurs est réinventée en lieu de vie convivial. Quant à Hunspach, la commune mise sur un ensemble à taille humaine implanté au centre du village. Ensemble, ces initiatives montrent comment un modèle d’habitat simple, flexible et ancré localement peut contribuer à redonner de la proximité et du lien social aux aînés.
Ce qu’il faut retenir des décisions du 13 novembre
Budget 2026 : stabilité revendiquée
• Endettement maintenu autour de 7 ans
• Dépenses de fonctionnement limitées à l’inflation
• > 1 Md€ pour la jeunesse, les lycées et la formation
Mobilités : accélération confirmée
• 16 rames Régiolis bimodes commandées
• 840 km de lignes de desserte fine repris en gestion directe
• 1,145 Md€ d’ici 2036 pour régénérer le réseau ferroviaire
Enseignement supérieur & innovation
• Feuille de route 2025–2030 adoptée
• Arrivée de deux chercheuses internationales en 2026
• Renforcement de l’innovation dans les PME et des start-ups deeptech
Transition écologique : résultats mesurables
• 26 % de baisse de la consommation énergétique dans les bâtiments régionaux
• 7 200 ha de friches reconvertis
• 3 200+ bornes de recharge installées
• Lancement opérationnel de Life Adapt’Est dès 2026
Solidarités : cinq béguinages soutenus
• Implantations dans la Marne, la Meuse, la Moselle, les Vosges et le Bas-Rhin
• Un modèle d’habitat senior favorisant autonomie et lien social








