La Fédération du BTP de la Moselle a tenu son Assemblée générale fin septembre. Opportunité saisie pour faire un petit point de la situation des entreprises du bâtiment et des travaux publics, avec le président du BTP de la Moselle, Pierre Schaeffer.
Hausse de l’énergie et des matières premières, ralentissement dans l’immobilier, collectivités amenées à faire des économies… Comment se portent les entreprises du BTP ?
Pour les entreprises du bâtiment, les coûts ont progressé de 12 % entre la fin 2020 et juin 2022. Pour les Travaux Publics, la hausse atteint 19 % en un an et demi. Certains métiers ont connu des hausses de près de 30 %. Il est certain que les trésoreries sont tendues et que la rentabilité s’érode. Le fait de ne pas connaitre les prix à l’avance complique, bien évidemment, aussi les chiffrages, en sachant, de plus, que les livraisons de matières premières sont aléatoires. Et puis, les entreprises doivent aussi composer avec les problèmes d’approvisionnement en carburant. Nous avons réalisé un petit sondage auprès de 150 de nos adhérents, 15 % évoquent une situation critique en la matière et 41 % une situation très tendue. Il faut que des solutions soient trouvées pour un retour à la normale le plus rapidement possible afin d’éviter que les mises à l’arrêt de chantiers se multiplient. Tout cela fait que la situation n’est pas reluisante même si je reste optimiste.
Le gouvernement récemment annoncé un train de mesures afin d’améliorer la trésorerie des entreprise du bâtiment et des travaux publics. Est-ce suffisant ?
Cela va dans le bon sens. Le relèvement des seuils planchers des avances, de 20 % à 30 %, pour l’ensemble des marchés publics passés avec des PME, est positif. C’est également le cas pour la pérennisation à 100.000 € du seuil de gré à gré qui exempte les marchés publics de travaux d’appels d’offres, par exemple. Mais, il faut aller plus loin encore. Un allongement de la durée de remboursement des PGE (le Prêt Garanti par l’État avait été activé au plus fort de la crise sanitaire, ndlr) ainsi qu’une poursuite de la baisse des charges, seraient les bienvenus.
Le gouvernement s’attaque aux passoires thermiques. Quand on sait que près de 5 millions de logements sont concernés, l’avenir s’annonce plutôt radieux pour vos entreprises, non ?
Cela offre effectivement des perspectives mais encore faut-il que les moyens accompagnent les annonces. Pour l’heure, ils se font attendre. Compte tenu des difficultés actuelles, nous espérons que cela va se décanter dans les prochains mois. C’est maintenant que les entreprises ont besoin d’être soutenues et d’avoir des perspectives, n’oublions pas que la crise sanitaire les a déjà fragilisées.
Quid de la pénurie de main d’oeuvre ?
Recruter reste compliqué. Il faut savoir que 1 000 postes sont créés, chaque année, par les entreprises du BTP, rien qu’en Moselle. Tous les besoins sont donc loin d’être couverts. Mais dans ce domaine, il y a également des nouvelles plus réjouissantes puisque le nombre de jeunes en apprentissage, progresse en Moselle comme dans le Grand Est. Le CFA BTP de Montigny-lès-Metz, (dont Pierre Schaeffer est également président, ndlr) en accueille 1 200 contre 1 100, l’an dernier, ce qui était déjà un record en termes de fréquentation. Notre Fédération se mobilise et communique largement face à cette situation mais ce n’est pas en vain. Je profite d’ailleurs volontiers de cet échange pour rappeler que les apprentis du BTP sont mieux rémunérés que dans tous les autres métiers, de 20 à 25 % de plus. La reconduction des aides à l’apprentissage par le Gouvernement est d’ailleurs à saluer.