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Accueil Société

Kathleen Tamisier : « le couple contemporain face à ses paradoxes »

Aziz MEBARKI Par Aziz MEBARKI
14 décembre 2025
in Société
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La sociologue Kathleen Tamisier aux côtés de Stephen Duso lors d’une conférence du Cercle Geneviève Duso-Bauduin à Metz

La sociologue Kathleen Tamisier en compagnie de Stephen Duso, animateur du Cercle Geneviève Duso-Bauduin, lors de la conférence consacrée au couple contemporain à Metz. © A. Mébarki

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La sociologue Kathleen Tamisier a placé le couple contemporain au cœur des échanges, hier après-midi à Metz, lors des rencontres du Cercle Geneviève Duso-Bauduin animé par Stephen Duso. Venue présenter son ouvrage Le couple et ses trajectoires contemporaines (éditions de l’Aube), elle a proposé une réflexion lucide sur l’amour, l’engagement et leurs contradictions à l’heure des mutations sociales.

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« Le couple est devenu un paradoxe vivant »

Dès les premières minutes de son intervention, Kathleen Tamisier donne le ton. Parler du couple aujourd’hui, reconnaît-elle, n’est pas anodin. « C’est un livre plus difficile à présenter que les précédents, parce qu’il touche à quelque chose d’universel et d’extrêmement intime à la fois », confie-t-elle, évoquant une véritable « mise à nu ».

Au cœur de son propos, une idée revient avec insistance : « Le couple contemporain est un paradoxe vivant ». Jamais, selon elle, les attentes n’ont été aussi fortes. « Nous voulons tout de notre couple : la passion et le calme, l’intensité et la sécurité, la liberté et l’attachement », observe-t-elle, soulignant combien cette accumulation de désirs parfois contradictoires fragilise les relations.

Mais pour autant, loin d’annoncer la disparition du couple, la sociologue défend l’idée inverse. « Se mettre en couple aujourd’hui est presque un acte militant », explique-t-elle. « C’est une tentative de tisser du lien là où tout invite au repli sur soi ».

Un livre né d’un film et pensé comme une pièce de théâtre

La genèse de l’ouvrage surprend autant qu’elle éclaire. Kathleen Tamisier raconte que l’idée du livre est née en revoyant une scène du film Je l’aimais de Zabou Breitman, adapté du roman d’Anna Gavalda. Elle en a d’ailleurs lu un long extrait hier après-midi, créant un moment de silence et d’émotion dans l’assemblée.

« Cet homme – campé à l’écran par Daniel Auteuil (ndlr) – qui avoue avoir choisi la sécurité plutôt que la passion m’a bouleversée », explique-t-elle. « Il découvre, trop tard, ce que c’est qu’aimer vraiment ». Ce renoncement, ce regret, sont devenus le point de départ d’une réflexion plus large sur les amours impossibles et les choix qui marquent une vie entière.

De cette scène fondatrice est née la structure même du livre. « J’ai voulu l’écrire comme une pièce de théâtre, avec des actes et des scènes, parce que la vie amoureuse est une mise en scène permanente », précise l’auteure. Le récit traverse ainsi l’ensemble du cycle amoureux : le célibat, la rencontre, la passion, l’engagement, le mariage, l’infidélité, la rupture et, parfois, la recomposition.

L’avènement de la « tripadvisorisation » des relations

La présentation s’est prolongée par une discussion nourrie, enrichie par les interventions de plusieurs invités, dont le professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bourgogne Franche-Comté Pascal Lardellier, auteur de la postface de l’ouvrage. Celui-ci rappelle que « l’on aime toujours comme une époque nous le permet », décrivant une société marquée par la logique du marché et la « tripadvisorisation » des relations, tendance contemporaine à aborder les liens amoureux selon une logique empruntée au marché et aux plateformes d’évaluation. À l’image des avis laissés sur des sites comme TripAdvisor, les relations sont de plus en plus soumises à une comparaison permanente, à une mise en concurrence et à une évaluation quasi continue des partenaires.

Dans ce modèle implicite, l’autre est jugé sur sa capacité à répondre immédiatement aux attentes : communication, disponibilité émotionnelle, performance affective ou sexuelle. La relation devient réversible, provisoire, facilement remplaçable. Au moindre défaut, à la moindre frustration, la tentation est forte de « changer d’option », convaincu qu’une alternative meilleure existe ailleurs.

Cette logique nourrit une peur de l’engagement durable. S’investir pleinement dans une relation signifie accepter l’imperfection, le temps long, les renoncements. Or la « tripadvisorisation » valorise au contraire la satisfaction immédiate et le choix permanent, au détriment de la construction patiente du lien.

Pour Kathleen Tamisier comme pour Pascal Lardellier, ce phénomène n’annonce pas la fin de l’amour, mais il fragilise le couple en installant une exigence de performance et une intolérance accrue à la frustration. Aimer suppose pourtant d’accepter que l’autre ne soit ni un produit, ni un service, ni une promesse d’optimisation permanente mais un être singulier avec lequel se négocie, dans le temps, une histoire commune.

« Il existe aujourd’hui une peur du lien durable, une hantise de l’engagement », reconnaît Kathleen Tamisier, « mais malgré tout, les gens continuent d’aimer, de retenter, de reconstruire ». Même après des séparations douloureuses, observe-t-elle, « la majorité finit par se remettre en couple, parce que le besoin de lien reste profondément humain ».

La fin des illusions, pas celle de l’amour

Tout au long de la conférence, l’auteure a insisté sur la nécessité de regarder le couple tel qu’il est, sans l’idéaliser ni le condamner. « Le couple n’est pas seulement un lieu de douceur », rappelle-t-elle. « C’est aussi un espace de négociation, parfois de domination, parfois de désillusion ». Son approche se veut descriptive et jamais moralisatrice.

« Ce livre n’est pas un guide de développement personnel », insiste-t-elle encore. « Il n’apporte pas de recettes. Il invite simplement à réfléchir, à prendre du recul sur ce que nous attendons vraiment de l’autre et du couple ».

Parmi les repères proposés, la « règle des trois C » — Cerveau, Cœur, Corps — revient comme un outil de compréhension. « Quand ces trois dimensions sont réunies, cela ne garantit pas le bonheur, mais cela donne davantage de chances de traverser les épreuves », précise-t-elle.

Croire encore au merveilleux

Interrogée sur la passion et le fameux « coup de foudre », Kathleen Tamisier se montre à la fois lucide et résolument optimiste. « Le coup de foudre existe, mais il suppose une capacité à croire au merveilleux », affirme-t-elle, regrettant une époque parfois trop désenchantée. « À force de vouloir tout contrôler, tout vérifier, on finit par tuer le mystère, et avec lui le désir ».

La rencontre s’est achevée sur cette conviction partagée : malgré ses métamorphoses, ses contradictions et ses échecs, l’amour n’a pas disparu. « Quand on a vraiment aimé, on n’aime jamais au passé », glisse Kathleen Tamisier, sous les applaudissements. Une phrase qui résume l’esprit de son ouvrage : lucide, exigeant, mais profondément confiant dans la capacité humaine à aimer encore.

Présentation de l’ouvrage

Couverture du livre Le couple et ses trajectoires contemporaines de la sociologue Kathleen Tamisier
Couverture de l’ouvrage Le couple et ses trajectoires contemporaines, essai sociologique de Kathleen Tamisier publié aux éditions de l’Aube.

Avec Le couple et ses trajectoires contemporaines, Kathleen Tamisier poursuit un travail sociologique reconnu pour sa finesse, son accessibilité et son attention portée aux mutations sensibles du monde contemporain. Après Le Crazy Horse. Dans l’intimité d’un cabaret de légende (éditions de l’Aube, 2023), enquête remarquée sur un haut lieu de la culture populaire française et sur les représentations du corps, du désir et du féminin, la sociologue déplace cette fois son regard vers un autre objet central de nos existences : le couple.

Docteure en sciences humaines et sociales, Kathleen Tamisier aborde l’amour non comme une évidence intime, mais comme une construction profondément sociale, façonnée par les normes, les imaginaires collectifs et les transformations de l’époque. Son nouvel ouvrage se distingue autant par son fond que par sa forme. Conçu comme une pièce de théâtre, structurée en actes et en scènes, il suit l’ensemble du parcours amoureux : le célibat, la rencontre, la passion, l’engagement, la vie conjugale, l’infidélité, le désamour, la rupture et la recomposition.

À partir de nombreux entretiens, de références cinématographiques et littéraires, et d’analyses sociologiques rigoureuses, l’auteure décrit le couple contemporain comme un « paradoxe vivant ». Jamais les individus n’ont autant attendu de leur relation : intensité émotionnelle, sécurité affective, liberté individuelle, stabilité dans le temps. Cette inflation des attentes rend le lien plus fragile, mais aussi plus volontaire, presque militant, dans une société marquée par l’individualisme et la peur de l’engagement durable.

Sans idéaliser ni condamner le couple, Kathleen Tamisier en explore les failles, les métamorphoses et les résistances. Elle montre combien, malgré les échecs, les ruptures et les désillusions, le besoin d’aimer et d’être aimé demeure un invariant profondément humain. Accessible sans être simplificateur, nourri sans être théorique, Le couple et ses trajectoires contemporaines s’impose comme un ouvrage de référence pour comprendre les amours d’aujourd’hui et interroger, avec lucidité et sensibilité, nos manières d’être à deux.

Le couple et ses trajectoires contemporaines, de Kathleen Tamisier. Éditions de l’Aube, collection Monde en cours, 2025, 22 €.

Tags: Amour contemporainCercle Geneviève Duso-Bauduinconférence MetzCouple aujourd’huiÉditions de l’AubeEssai sociologiqueKathleen TamisierParadoxes amoureuxSciences humainesSociologie du coupleVie affective
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