Dernier opéra de Haydn où les éléments bouffes dominent incontestablement, Il mondo della luna est revisitée à l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. La fable y est téléportée en 1969, année des premiers pas de l’homme sur la Lune.
S’il fut l’un des premiers ouvrages scéniques de Hadyn ressuscité en XXe siècle sous une forme authentique en 1959, marquant le début de sa re(co)naissance comme compositeur d’opéra, Il mondo della luna n’a été joué que trois fois de son vivant – il en réutilisera l’ouverture dans sa Symphonie n° 63, quelques passages dans la Messe de Mariazell et dans ses Trios pour flûte, violon et violoncelle. C’est pile 10 ans plus tard que se situe l’intrigue de la relecture du livret d’après Carlo Goldoni proposée à Metz dans cette nouvelle production, une adaptation de Pierre Thirion-Vallet en coproduction avec Clermont Auvergne Opéra.
Si sa partition, qui révélait une science des ensembles et des finales préfigurant les opéras de Mozart, sera mise en lumière par l’exaltant Orchestre national de Metz Grand Est et le Chœur de l’Opéra-Théâtre sous la direction de David Reiland, qu’aurait pensé le compositeur en voyant l’action de son pétillant opéra en trois actes située en pleine guerre froide ?
Buonafede, le bourgeois crédule et naïf dupé par le professeur Ecclitico et ses deux acolytes dans le but d’épouser ses filles et sa servante, devient là John Goodfaith, un faux cadre de la NASA et vrai espion italo-américain. Les autres protagonistes campent un faux astronome et de vrais espions soviétiques, accueillis comme réfugié politique dans une université américaine. Dont le but est tout autre : ils sont missionnés pour mettre la main sur le dossier secret Objectif Lune, les plans américains de conquête du satellite de la Terre. Et si sur le livret original, le trio faisait croire à Buonafede qu’ils allaient l’envoyer rejoindre les habitants de la Lune pour y goûter les plaisirs de la vie, il va convaincre ici Goodfaith qu’ils peuvent le faire voyager vers la Lune grâce à une liqueur lunaire.
Un jeu de dupes entre gouvernements américains et soviétiques dont personne ne ressortira grandi. Si ce n’est le désir d’émancipation des femmes, et ce vent de liberté dont elles ont pu bénéficier à l’époque. Ce que n’auraient pas imaginé Haydn et Goldoni.
Les 25, 27 et 29 janvier à l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz