Il fut un temps où l’image du beauf était associée à la ringardise. La plupart portaient un regard condescendant sur quiconque pouvait l’être, sur la base de critères subjectifs bien entendu. Plus généralement, le beauf était davantage ignoré que raillé.
Aujourd’hui certains vont jusqu’à revendiquer fièrement leur part de « beaufitude ». Et si nombre de comiques abordent le sujet, la moquerie joue souvent aussi sur le registre d’une certaine tendresse.
C’est un peu la manne de Benjamin Tranié, découvert sur la chaîne Comédie Plus puis comme chroniqueur sur Radio Nova où il a peaufiné son personnage de beauf portant coupe mulet et casquette à la gloire de Suze (en parallèle de celui d’une sorte d’anecdotier judiciaire d’un autre temps, avec veste en tweed et pipe, qui laisse parfois échapper des mots d’argot au milieu de phrases châtiées).
Dans son spectacle Le Dernier Relais (à l’origine de son succès au théâtre de Dix-Heures), nom d’un resto d’autoroute défraîchi qu’une chaîne de fast food s’apprête à racheter, il incarne une petite dizaine de personnages dont le patron fier de ses 30 ans de bon et loyaux services – mais un chèque d’un million d’euros pourra-t-il effacer des années d’histoires de clients aussi chiants que mémorables ? – le repreneur, la prostituée et, bien entendu, le beauf.
Si la gouaille graveleuse vont irrite, évitez. Mais ne dit-on pas qu’on est toujours le beauf de quelqu’un ?
Le 26 janvier au Tram à Maizières-lès-Metz