Le tout dernier film de feu Roger Michell revient sur une affaire qui a passionné les Britanniques dans les années 60 : celui du vol d’un célèbre tableau de Goya par un homme ordinaire. Porté par Jim Broadbent, The Duke rend hommage à ce héros inattendu.
Savez-vous qu’entre 1961 et 1965, le Portrait du Duke de Wellington peint par Goya a disparu ? La police anglaise a d’abord supposé que ce fût là l’œuvre d’un expert en vol d’art ou celle d’un réseau de criminels internationaux hautement organisés. Et en 1962, le cinéma nous a même fait croire que le tableau se cachait dans le repaire de l’affreux Dr. No, dans le film éponyme. En réalité, il se trouvait chez Kempton Bunton, un retraité sexagénaire. Personne n’aurait pu soupçonner cet ancien ouvrier et chauffeur de bus, vivant dans une petite maison de la banlieue de Newcastle avec son épouse. C’est sur le banc des accusés qu’on le retrouve au début du film : à la surprise générale, il plaide non-coupable, en n’omettant pas de préciser qu’il n’a, de toute façon, jamais vraiment apprécié le tableau en question. Il n’empêche que sa femme, interprétée par Helen Mirren, a découvert l’œuvre disparue en fouillant dans son armoire. Son époux est un homme pour le moins fantasque, qui aime écrire des pièces de théâtre pour ensuite les envoyer à la BBC, et qui a surtout soif de justice sociale. Se réclamant de la figure de Robin des Bois, il se bat notamment pour que la redevance télévisuelle soit gratuite pour les personnes n’ayant pas les moyens de la payer (en particulier les retraités aux revenus modestes). Alors, il crée des pétitions, il proteste seul dans la rue, il tente d’alerter les journaux locaux, mais en vain. Un jour, il apprend que le gouvernement britannique est prêt à débourser cent quarante mille livres (soit l’équivalent d’environ trois millions de livres aujourd’hui) afin d’acheter un tableau de Goya et de le conserver à la National Gallery, à Londres. Son sang ne fait qu’un tour. Pour le sexagénaire, un fond pareil pourrait être utilisé afin de venir en aide à ses concitoyens dans le besoin. Il lui vient alors une drôle d’idée : celle de dérober la fameuse œuvre et d’en demander une rançon à l’État.