« Liberté intérieure et confortable servitude », tel est le sous-titre du dernier ouvrage, de Boris Cyrulnik : Le Laboureur et les Mangeurs de vent qui montre comment chacun peut conquérir la force de penser par lui-même et trouver ainsi la voie de la liberté intérieure.
À 7 ans, j’ai été condamné à mort pour un crime que j’ignorais. Ce n’était pas une fantaisie d’enfant qui joue à imaginer le monde, c’était une bien réelle condamnation. » Boris Cyrulnik a échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière, en 1944. Cet enfant qu’on a voulu tuer et qui toute sa vie a cherché à comprendre pourquoi, pourquoi une telle idéologie a pu prospérer. Comprendre, car celui « qui ne comprend pas est soumis, soumis aux croyances, aux pressions, à nos impulsions. Le seul moyen d’avoir un peu de liberté intérieure, de gratter et d’arracher un peu cette liberté, c’est de chercher à comprendre », explique Boris Cyrulnik, dans une interview, dans l’émission La Grande Librairie. Pourquoi certains deviennent-ils des mangeurs de vent, qui se conforment au discours ambiant, aux pensées réflexes, parfois jusqu’à l’aveuglement, au meurtre, au génocide ? Pourquoi d’autres parviennent-ils à s’en affranchir et à penser par eux-mêmes ? Certains ont tellement besoin d’appartenir à un groupe, comme ils ont appartenu à leur mère, qu’ils recherchent, voire chérissent, le confort de l’embrigadement. Ils acceptent mensonges et manipulations, plongeant dans le malheur des sociétés entières. La servitude volontaire engourdit la pensée. « Quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup. » Penser par soi-même, c’est souvent s’isoler. Seuls ceux qui ont acquis assez de confiance en soi osent tenter l’aventure de l’autonomie. Tout cela, le neuropsychiatre qui a déjà écrit une soixantaine d’ouvrages, l’explique simplement, clairement. Organisé en de courts chapitres sur le thème de la liberté intérieure, Le Laboureur et les Mangeurs de vent est un ouvrage accessible à tous et même très agréable à lire. « La vie est amusante et passionnante, à condition de la comprendre », précise l’auteur.