Dans Vive la Farce, le dessinateur thionvillois Manolo Prolo et le romancier longovicien Zilber Karevski racontent l’histoire mouvementée de la fermeture en 2003 de l’usine Daewoo de Mont-Saint-Martin (54).
Le titre de cette BD résonne peut-être aux oreilles de certains et pour cause, Vive La Farce est le titre d’un roman que Zilber Karevski a publié, en 2013. Un roman/polar social qui n’était pas dénué d’humanité, bien évidemment, mais aussi d’humour. Près de 10 ans plus tard, il se décline également en images, grâce au dessinateur thionvillois Emmanuel Hauter, alias Manolo Prolo, qui s’est emparé de cette histoire avec la complicité du romancier. Zoom arrière. En 2003, du côté de Mont-Saint-Martin, les patrons de Daewoo ferment le site industriel où étaient fabriqués des tubes cathodiques, pour le délocaliser. Les ouvriers, les syndicats, une partie de la population et des élus tentent alors d’empêcher cette fermeture. En vain, un énième plan est alors activé pour préparer l’avenir économique du territoire. C’est de cette fermeture (à rebondissements) que s’est inspiré le duo pour Vive la Farce. L’ambiance est forcément sombre et les décors, industriels. Les personnages ont des gueules, parfois des grandes, car ce sont les tripes qui parlent. Il y a de la colère et du désespoir. Du cynisme aussi. Les patrons de Daewoo se sont gavés d’argent public pour ouvrir l’usine et finalement la refermer. Une certaine indifférence, encore, car ce ne fut pas la mobilisation générale de tout un territoire, loin de là. D’où la nécessité d’agir en petite bande et de frapper fort, en tout cas de manière symbolique et avec une touche d’humour, en balançant du purin, par exemple. Vive la Farce n’est pas le premier livre signé par le Longovicien Zilber Karevski (qui est également professeur de physique-chimie) et le Thionvillois, Manolo Prolo. En 2012, le duo a publié Les beaux jours (éd. Ass. meme pas mal) qui raconte une histoire d’amour sur fond de société qui dérive vers le fascisme et le racisme.