Jeudi 24 mars, Palerme, 92ème minute de jeu : l’Italie du foot est envoyée en enfer par un joueur qu’elle connait pourtant bien, Aleksandar Trajkovski, et qui a évolué de 2015 à 2019 à… Palerme, sur la pelouse même de son « crime ».
19 ans après la France, l’Italie connait son Kostadinov. Il s’appelle Aleksandar Trajkoski, international macédonien, qui joue actuellement en Arabie Saoudite, après un intermède au Danemark et quatre saisons complètes dans le Calcio, avec Palerme, en série A et B. La recette est dans les deux cas la même : la qualification au Mondial difficile à obtenir pour un gros bras, un dernier match de qualification à domicile, une dernière minute de jeu, une domination indécente du « favori », et un but adverse arrivé de nulle part, ruinant les espoirs de toute une nation. Le 17 novembre 1993, Emile Kostadinov privait la France de Mondial aux USA, le 24 mars 2022, c’est au tour de Trajkoski de crucifier l’Italie.
Le coup est rude pour l’Italie, vieille terre de football, championne d’Europe en titre : 32 tirs (contre 4 à la Macédoine), 66 % de possession de balle, et la défaite au bout du chemin. L’Italie est éliminée du Mondial, pour la deuxième fois consécutive, et n’a pas pu jouer sa dernière cartouche jeudi dernier contre le Portugal pour espérer aller au Qatar en fin d’année.
Côté français, l’occasion de chambrer nos voisins transalpins a été trop bonne. L’Italie boycotte la coupe du Monde au Qatar, voire la Macédoine accrochée par une bonne équipe italienne a-t-on pu lire çà et là. En Italie, l’heure est beaucoup plus grave. Tuttosport, grand quotidien sportif, pleure à la une : Noooooooo !, alors que la presse est unanime pour constater, comme l’a fait la Reppublica, que cette soirée palermitaine sonne comme un « adieu à la Nazionale perdue à jamais ». Le constat est sévère mais lucide : le titre de champion d’Europe, obtenu l’an dernier, est l’arbre qui cache la forêt. On pourrait contester ces mots, dans la mesure où la Squadra Azura a enchaîné, entre octobre 2018 et octobre 2021, une série de 37 matchs sans défaite. Mais à y regarder de près, la chute est ancienne, voire annoncée. L’Italie, en club ou en sélection nationale, n’a plus gagné de titre depuis bien longtemps. Si l’on écarte le titre européen de l’an dernier, le dernier résultat mondial remonte à… 2006, avec un titre resté gravé dans les mémoires suite à l’altercation Zidane/Materazi au stade olympique de Berlin en finale.
En club, le dernier titre de champion d’Europe remonte à 2007, avec une victoire du Milan AC contre Liverpool, même si en 2015 et 2017 la Juve s’est cassé les dents en finale contre Barcelone puis le Real. L’heure est donc grave, il est temps que ce grand pays du football se penche sur son vrai problème : les structures de formation, fédérales ou en club. Mais c’est un autre sujet…
Pendant ce temps-là, Aleksandar Trajkovski, comme nombre de ses coéquipiers, savoure la victoire et rêve de retrouver un contrat dans un championnat européen. Pas sûr, pour ce qui le concerne, que la série A italienne soit la meilleure terre d’accueil pour la saison prochaine.